Explorations, missions périlleuses ou rêves de conquête sont autant d’aventures humaines que vous découvrirez grâce à la nouvelle sélection de nos bibliothécaires.
« Fenua » de Patrick Deville (Ed. Seuil Fiction & Cie, août 2021)
Voilà le 8e tome de la série des voyages extraordinaires de Patrick Deville, un « globe trotter» ambitieux. C’est en Polynésie qu’il nous emmène, destination des chercheurs d’absolu. Comme des images en surimpression, différentes époques se révèlent au lecteur. Hommage aux explorateurs faits d’audace et féroce appétit de vivre. Les récits de London le visionnaire, Loti le romanesque, Rimbaud le poète, et aussi Segalen, Monfreid, Stevenson, Melville, feront rêver des générations. Surtout Gauguin qui nous a légué par sa peinture la beauté fascinante de ces îles lointaines. Il faut bien évoquer la réalité contemporaine où les essais nucléaires font désormais partie du paysage…
« Rester vivant jusqu’au bout » d’Antonio Sena (Editions XO, novembre 2021)
Antonio est pilote et accepte la mission dangereuse d’aller ravitailler les orpailleurs clandestins au cœur de la forêt amazonienne. En janvier 2021, l’appareil déficient s’écrase loin de sa destination. Antonio a le temps de réunir l’essentiel (de l’eau, des provisions, un couteau suisse, un briquet, une lampe) avant de voir l’avion exploser. Après 36 jours de marche à affronter une jungle dense aux multiples dangers, c’est la rencontre providentielle avec une équipe de cueilleurs de noix. Sans la confiance apportée par la foi et l’amour des siens, le pilote n’aurait pu survivre. Ce récit est un ode à la forêt nourricière, à la solidarité familiale et une magnifique leçon de courage .
« Le Palais des Mille Vents » de Kate McAlistair (Editions l’Archipel, octobre 2021)
La princesse Chali, descendante de Gengis Khan, est dépositaire de la bannière du Loup Bleu, convoitée par les tribus nomades d’Asie centrale. Son mariage en 1838 à un prince indien l’éloigne de Morgan, le complice de sa jeunesse. Lui-même a dû se réfugier en Russie et changer d’identité pour échapper à un injuste accusation. Lorsqu’il apprend que la princesse est en danger, c’est jusqu’en Chine qu’il va la chercher : une chevauchée périlleuse malgré les intempéries, les fauves, les bandits. Il va parcourir de vastes étendues de steppe, de montagnes arides et de vallées perdues, l’aigle d’un côté et le sabre de l’autre. Fresque colorée, héros inoubliables, on attend la suite des péripéties de ces courageux combattants !
Par Béatrice Bothier
« Pour rien au monde » de Ken Follet (Editions Robert Laffont, novembre 2021)
Ken Follet change d’époque. Cette fois-ci il évoque la Troisième guerre mondiale. Et de nous emmener dans des intrigues géopolitiques où règnent espionnage et diplomatie. Sur l’échiquier, de nombreux personnages entrent en scène : la présidente des États-Unis, des agents secrets qui traquent des terroristes en Afrique, une migrante en fuite pour l’Europe, un haut fonctionnaire du renseignement chinois, un indicateur nord-coréen… Tous aux prises avec des péripéties qui se déroulent de Washington à Séoul, de Pyongyang à Pékin en passant par le Tchad. Le pire sera-t-il évité ? C’est maîtrisé, bien documenté avec le sens du détail propre à l’auteur. Passionnant.
« Le grand monde » de Pierre Lemaître (Editions Calmann Levy, janvier 2022)
Dans ce récit, Pierre Lemaître nous invite à une grande aventure en nous contant l’histoire de la famille Pelletier. D’une écriture dynamique, il développe une fresque familiale par petites touches avec tous les ingrédients d’un feuilleton : amours, morts, scandales et bien sûr une suite. C’est une histoire de plusieurs destins entre la guerre d’Indochine et le début des Trente Glorieuses et le portrait d’une époque. Chaque chapitre est consacré à un membre de la famille, chacun confronté à des situations différentes selon l’endroit où ils se trouvent : Beyrouth, Paris, Saïgon. Pierre Lemaitre reconstitue avec brio l’atmosphère inhérente à cette période : la vie à Beyrouth, l’effervescence de la presse à Paris, la guerre d’Indochine avec les combats qui opposent soldats français et combattants vietminh. C’est romanesque, palpitant et efficace ! Magistral ! On se laisse emporter jusqu’au bout.
« Celui qui veille » de Louise Erdrich (traduit de l’américain par Sarah Gurcel, Albin Michel, janvier 2022, prix Pulitzer 2021)
Inspirée par l’histoire de son grand-père, l’un des premiers à lutter contre la résolution dite de « termination », Louise Erdrich nous conte, à partir de la correspondance de son aïeul, la vie de Thomas Wazhashk, veilleur de nuit à l’usine de pierres d’horlogerie située près de la réserve de Turtle Moutain. Nous sommes en 1953. Les tribus indiennes se battent pour conserver leur identité alors que l’Amérique souhaite y mettre fin. Conscient de ce qui va arriver, le héros tente de contrer le projet d’assimilation qui menace les siens, ce qui le conduira jusqu’au Capitole. Louise Erdrich nous immerge dans le quotidien des habitants de cette réserve ainsi que dans les batailles politiques et sociales. Elle mêle avec talent souvenirs personnels et recherches historiques. Une belle manière d’honorer ses ancêtres portée par une écriture poétique, remplie d’humanité.
par Florence Desgranges