À défaut de pouvoir voyager actuellement au Japon, Paris offre quelques alternatives pour étancher nos frustrations. En ce mois de juin, quelques suggestions pour vivre une journée de zénitude et d’étonnement nippon à travers Paname.
Une exposition fragile
Au Japon, le travail de la céramique était une activité interdite aux femmes, il a fallu attendre la période Meiji (1868-1912) pour que ces dernières puissent enfin « toucher le feu » dans les ateliers. Se dégageant totalement du coté utilitaire de l’objet, lié par exemple à l’art du thé (Otagaki Rengetsu), les artistes contemporaines présentes font preuve d’une totale liberté artistique s’envolant vers le minéral, le végétal (Hosono Hitomi- Katsumata Chieko), l’organique, le sculptural, l’illusion (Tanaka Yu – Furoshiki), l’onirisme… La maîtrise du geste, de la technique comme celle de la feuille d’or (Ono Hakuko – Vase), la précision du motif, la délicatesse de la mise en couleur sont bluffantes. Au regard de cette exposition on comprend que la céramique nippone soit ainsi aujourd’hui la plus dynamique et créative du monde et que le Musée Guimet poursuive patiemment ses acquisitions.
« Toucher le feu – Femmes céramistes au Japon », Musée Guimet, jusqu’au 3 octobre 2022.
Un lieu d’inspiration
Si l’on veut effleurer du doigt et du regard le véritable art de vivre japonais, direction le Marais où le designer-restaurateur Shinishiro Ogata a ouvert dans un ancien hôtel particulier du 17e un somptueux espace d’une totale harmonie et d’une douce sérénité. On s’y surprend à chuchoter. Au-delà du restaurant étoilé cette année, du bar à cocktail, il ne faut pas hésiter à explorer la boutique de thé, la pâtisserie et sa galerie dédiée à l’art de la table. Laissez-vous guider par un maître des thés, découvrez le raffinement des wagashi entre pâtisserie et confiserie et craquez pour les lignes minimalistes des céramiques ou pour la collection Wasara, vaisselle en papier éco-responsable.
Ogata Paris, 16 rue Debelleyme, 75003 Paris.
Un jardin de méditation
Les Parisiens connaissent bien les Jardins de la Fondation Albert Khan, moins le jardin du Panthéon bouddhique – Hôtel Heidelbach, voisin du Musée Guimet où l’on peut assister à la fameuse cérémonie du thé et sans doute pas du tout le Jardin d’Ichikawa, c’est vrai un peu excentré. Petit confetti végétal caché entre l’étonnante piscine Aquazena d’inspiration Feng Shui et les nouvelles résidences du Fort d’Issy les Moulineaux, la découverte de ce micro-jardin se mérite. Issu d’un partenariat avec la ville d’Ichikawa, l’endroit conçu par les jardiniers de la ville jumelée respecte en tout point les codes traditionnels : la pierre, l’eau, les lanternes, les bassins. La végétation composée d’azalées, d’iris jaunes, d’érables, de cerisiers et de pins nuages complète ces éléments emblématiques. D’entrée libre, ce mini espace de quelques mètres carrés n’est pas considéré comme un jardin public mais comme un lieu de méditation et de contemplation.
Jardin d’Ichikawa, allée Vauban, 92130 Issy-les-Moulineaux. Visite de 8h00 à 20h30 de mai à août, de 8h00 à 19h30 d’avril à septembre et de 8h00 à 18h30 d’octobre à mars.
Christine Fleurot
– Kodawari Ramen (photo) : deux adresses pour se plonger dans l’ambiance d’une ruelle tokyoïte du marché aux poissons Tsukiji (12 rue de Richelieu – Paris 2e) ou d’un boui-boui sous le métro aérien (29 rue Mazarine – Paris 6e). Immersion totale et saveurs authentiques.
– Sandos à toute heure. Croquez à pleines dents ces généreux et instagrammables sandwichs de shokupan, pain de mie moelleux. Salé traditionnellement (au porc pané, aux œufs, au thon) ou désormais sucré (fruits chantilly- chocolat), on s’éloigne parfois de l’original japonais (jambon parisien). Carré Pain de mie, 5 rue Rambuteau, Paris 4e. Benchy, 50 rue du Cherche-Midi, Paris 6e.
– La folie du mochi. Dessert traditionnel japonais fait de riz gluant et de pâte de haricots rouges traditionnellement (Anko), cette petite pâtisserie est déclinée en plusieurs parfums (sésame noir, yuzu, bergamote…) voire glacée. La Maison du Mochi, 39 rue du Cherche-Midi, Paris 6e ou 120 rue de Turenne, Paris 3e. Mochi Mochi Aki, 28 rue Saint-Anne, Paris 1er.