Si on ne devait lire qu’une BD, serait-ce cet ouvrage ? Au vu des huit prix remportés en 2020, du succès rencontré auprès du public et d’une critique unanimement élogieuse, on peut le penser ! Le scénariste Hubert, malheureusement disparu trop tôt, aborde l’émancipation de la femme, ainsi que la question du genre sous une forme apparentée à un conte, thème rabâché mais cette fois sous un angle positif. La peau, l’enveloppe ne serait pas importante, seul compte l’amour entre les personnes. Hubert pose des questions complètement actuelles : le genre est-il défini par le sexe, l’exclusion, la trans-identité. Zanzim, l’illustrateur habitué à collaborer avec Hubert dont il connait les souffrances liées à l’homosexualité, est enthousiasmé par le projet, son originalité et sa fraicheur. Il adhère tout de suite et imagine un graphisme évoquant l’enluminure dans lequel il entraîne ses personnages. La « Peau » attise notre curiosité et celle des plus réfractaires à la BD, genre littéraire qui, petit à petit, acquiert ses lettres de noblesse et parvient à séduire des lecteurs exclusifs de romans et à franchir les grilles des établissements scolaires. Quel chemin parcouru !
Brigitte Leprince