Voyager en images enchantées

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À l’heure de la sobriété, comment se déplacer sans bouger ? Grâce à la magie des images ! Voici deux idées inspirantes pour voyager loin… très, très loin !

Au Japon
©Va au Japon

« Va au Japon » est un véritable voyage que Vahram Muratyan nous propose pour filer à l’autre bout du monde, à la vitesse de la lumière et de ses couleurs, avec le meilleur bilan carbone de la planète ! Cet artiste visuel a l’art de suspendre le temps au fil de la contemplation qu’il nous offre. Tout est génial dans son ouvrage qui est un vrai chef d’œuvre, un dictionnaire hybride entre livre et galerie d’art, jusqu’à la couverture, avec le Fujima qui est à portée de main, avec une surprise en recto. Mes chats sont à deux coussinets de se mettre à tourner les pages, surtout depuis qu’ils ont découvert la signification de KitKat et Kitto Katsu ! Car l’ouvrage apprend en beauté (et parfois hilarité, le mot toilettes, lieu sacré, vaut l’arrêt sur image !) des mots japonais. Certains nous sont familiers, d’autres moins et les dessins de l’artiste, accompagnés d’une courte phrase, nous en révèlent l’âme. « Va au Japon » est bien plus qu’un livre d’images, c’est une déclaration d’amour à l’empire du soleil levant, qui en un clin d’œil vous transporte, du bout de vos doigts, dans l’espace-temps nippon. Sakura !

En Belgique

Avez-vous déjà voyagé juste en entendant un homme de lettres, raconter son pays qui se trouve à 10 kms de Lille et que je croyais connaître ? Que nenni, j’ai plus appris en une heure d’écoute attentive de Grégoire Polet qu’en cours d’histoire et de géographie et j’ai allègrement marché jusqu’au Furet, vénérable institution lilloise, acheter pour €2 le Petit éloge de la Belgique.

« Nuages. Amour récent, pour ma part. Musique si particulière que la leur. La plus authentique musique du silence. Pleine de caprice et de nuances. »

©Bruges - Anne-Claire GagnonLe voyage que propose Grégoire Polet est à la fois littéraire, artistique et politique. Vous y (re) découvrirez le Leo Belgicus qui, bien avant Brel chantant sa Belgique de Bruges à Gand, s’élargissait de Douai à Amsterdam, dans une Flandre à la fois unie et plurielle. Avec son empereur, Charles Quint, né à Gand, parlant de son « pays d’embas ». L’auteur nous donne à vivre en direct des moments clés de l’histoire du monde, Waterloo, la « surchauffe diplomatique » de 1914 à Ostende où la guerre survient, sa fin en 1918, avec des témoignages recueillis dans les lettres qu’envoyèrent Emile Verhaeren, Stefan Zweig, Albert Dürer, Rik Wouters, etc. On y découvre le cuistax, véhicule consubstantiel des plages de La Panne, Saint-Idesbal, Ostende, Le Coq, bordées de dunes, d’oyats et de bunkers, terrains de jeu des enfants. Nous suivons les premiers migrants belges bâtissant… New-York et la Nouvelle Belgique. Grégoire Polet donne surtout à comprendre, au fil de son récit et grâce aux mots de la poétesse belge, Marie Gevers, ce qui fait le charme et la douceur infinie de ce pays.

« Il suffirait d’un clignement d’âme pour comprendre à quel point la beauté du climat belge repose dans son instabilité même. Perpétuel poème. Le véritable plaisir des météores. »  

Anne-Claire Gagnon

Va au Japon de Vahram Muratyan (Éditions Les Arènes, 2022).
Petit éloge de la Belgique
de Grégoire Polet (Edition Folio).

À lire aussi : Le plaisir des météores, Marie Gevers. La dame en son jardin de Bruges, Charles Bertin (Editions Actes Sud).

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