Comment Catherine Valentin, ingénieure chimiste, est-elle passée des polymères souples à la création de kimonos ? Il paraît que les polymères souples, même si je ne sais toujours pas ce que c’est, ont quand même à voir avec la peinture, l’encre, les cosmétiques et surtout la colorimétrie et donc le tissu. Pourquoi n’a-t-elle pas pris la filière textile que proposait son école ? Ce n’était pas le bon moment nous dit-elle et puis elle a eu envie d’en découdre !
Catherine, l’industrieuse
Elle travaille d’abord classiquement dans l’industrie et deux enfants plus tard, se met à la couture pour ses filles et commence par un kimono… déjà ! Et cette amie qui lui dit qu’elle a du talent et qu’elle doit en faire quelque chose. Et des souvenirs aussi qui lui reviennent de son enfance : ses voisins, tisseurs à Lyon, qui lui rapportaient des chutes et des échantillons de tissus avec lesquels elle se drapait (à la japonaise) et se racontait des histoires de princesse. Grâce à eux, elle avait fait la rencontre du textile jacquard, ce tissu résultat d’un tissage et non d’une impression de motif, une réaction chimique en quelque sorte.
Pierres en équilibre
Catherine s’aperçoit (ou s’avoue) qu’elle a envie d’entreprendre et surtout de ne pas être sous la coupe d’un patron (vocabulaire très couturier !). Elle s’inscrit pour une formation à Supdemod-Lyon et à la Chambre syndicale de la haute couture à Paris et en 2004 elle fonde sa marque, la maison Catherine Valentin à Grenoble, avec le soutien de son mari. L’atelier est alors dédié à la création de vêtements sur-mesure haut de gamme pour des femmes féminines et exigeantes, avec des étoffes tissées localement en Auvergne. Elle se construit graduellement comme ces pierres en équilibre qui ponctuent les jardins japonais.
De fil en aiguille
Catherine est passionnée par le Japon et son art depuis l’enfance et a toujours travaillé le kimono parallèlement à ses autres réalisations. Le tissu jacquard qui donne à voir un endroit et un envers dont le motif peut être radicalement différent, mais tout aussi somptueux, l’accompagne dans ses recherches et créations nipponnes. À quel moment la navette va t’elle croiser le fil, pour avoir un effet satin (ou pas) ? Car c’est la construction et juxtaposition des fils et la façon de tisser qui créent la matière et la tenue du tissu. Tous les devants de kimono sont taillés dans le plein biais car il n’y a pas de pinces poitrine et cela permet au tissu de s’adapter au corps en souplesse en le modelant. La poésie des motifs, la beauté des tissus révèlent un monde harmonieux, passionnant et infini que vous soyez plutôt géométrique, fleurs ou formes figuratives.
Porter le kimono dans son quotidien avec élégance et simplicité, ressentir ses émotions, respecter sa morphologie pour plus de bien-être et de beauté intemporelle, c’est tout cela que procure cette pièce iconique.
Conversation avec le Japon
Ses années d’atelier l’ont mise à l’écoute des attentes des femmes et d’elle-même, Catherine comprend à quel point le vêtement est le prolongement de soi. Il témoigne d’un fort désir de singularité et de confort et ça marche bien, le kimono deviendra sa pièce maîtresse à partir de 2018. Puis le Covid passe par là… Catherine a dû se réinventer de nouveau, repenser son site web, se mettre au marketing et à la communication. Elle sait qu’il faut raconter son histoire, partager ses valeurs, permettre à ses clientes d’entrer en conversation avec le Japon, tout comme elle, les inspirer loin des diktats de la mode.
Catherine veut redéfinir la beauté et le raffinement du kimono traditionnel japonais dans une nouvelle coupe innovante, faire redécouvrir les belles étoffes pour exprimer sa féminité et, pourquoi pas, vivre en kimono tout au long de sa journée, singularité en toute simplicité et toute liberté. Presqu’un haïku !
Anne-Marie Chust
Catherine Valentin
Son blog
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