L’espace, un lieu à la fois si proche et si lointain, une nouvelle terre de conquêtes à l’instar des Amériques au 16e siècle, un endroit où résonnent déjà des noms de conquérants tels Youri Gagarine, Neil Armstrong et même Laïka, une petite chienne russe, premier être vivant à aller dans l’espace et à y mourir. Mais il manque des noms à cette liste, tels Valentina Terechkova, première femme astronaute, Claudie Haigneré, première Française dans l’espace ou encore John McFall, premier parastronaute.
Valentina Terechkova, héroïne de l’union soviétique
Valentina Terechkova naît en 1937 dans le village de l’oblast d’Iaroslav au sein d’une famille d’ouvriers. Son père meurt durant la guerre d’hiver, laissant seules sa mère et ses soeurs. Valentina qui a pu suivre des études jusqu’à sa majorité travaille alors en usine et s’inscrit, sans en parler à sa mère, à l’aéro-club d’Iaroslavl pour pratiquer le parachutisme. Elle atteint en deux ans un très bon niveau lui permettant de devenir instructrice. Elle est repérée par les autorités qui, après avoir mis le premier homme dans l’espace, ont souhaité asseoir la réputation soviétique d’être un état féministe et égalitaire… Terechkova sera sélectionnée, d’une part, grâce à ses grandes compétences et, d’autre part, grâce à sa carte du parti et à son engagement de fervente communiste. Elle devient le 16 juin 1963 la première femme (et la plus jeune depuis) dans l’Espace et la seule à avoir fait une mission en solitaire, ce qui lui vaudra une renommée internationale. Elle restera malgré tout la seule femme cosmonaute jusque dans les années 80 (ou une autre Soviétique ira dans l’espace).
Terechkova fera de multiples voyages pour défendre les droits des femmes, en portant des idéaux féministes, socialistes et internationalistes, et sera pour de nombreuses femmes dans le monde une icône. Une fois l’Union soviétique effondrée, elle devient députée de la Douma, poste qu’elle occupe encore aujourd’hui, sous l’étiquette du parti Russie-unie.
Claudie Haigneré, une Française dans les étoiles
Claudie Haigneré nait le 13 mai 1957 au Creusot. C’est enfant que son rêve de l’Espace naît et elle compte bien devenir astronaute. Lycéenne brillante, elle obtient son bac à 15 ans, puis se lance dans des études en médecine et obtient plus tard un doctorat en neurosciences. C’est un parcours exceptionnel qui lui vaut le titre de « Bac +19 ». Avec la détente, puis la fin de la guerre froide, les Européens de l’Ouest et les Russes entament une série de coopérations scientifiques au niveau spatial. Claudie Haigneré, candidate au programme, est sélectionnée. Elle devient alors la première Française dans l’espace, le 17 août 1996, puis, en 2001, la première Française à bord de l’ISS (International Space Station). Pour avoir participé aux programmes soviétiques puis russes, elle est décorée de l’ordre de l’Amitié des peuples. Redescendue sur terre, elle devient ministre déléguée à la Recherche et aux nouvelles Technologies. Claudie Haigneré, aujourd’hui à la retraite, est devenue le modèle français d’une astronaute brillante et courageuse défiant les pensées sexistes encore présentes.
Elle se rend toujours auprès d’associations de jeunes filles pour montrer que tout est possible et qu’il faut combattre et oser lutter contre les discriminations. Elle encourage les jeunes filles à ne pas se laisser décourager par leurs parents ou par la gent masculine et de tenter, si elles le souhaitent, d’intégrer les filières scientifiques et, pour les plus téméraires, devenir astronaute.
John McFall, franchir les frontières du validisme
John McFall naît le 25 avril 1981 à Frimley dans le sud de l’Angleterre. C’est un passionné de motos et de course à pied qui rêve de rentrer dans l’armée. Un accident de moto en Thaïlande à 19 ans change drastiquement la donne. Il ne se décourage pas et, après des mois de rééducation, se remet à la course à pied pour rejoindre la section sportive de l’université métropolitaine de Cardiff. Devenu sprinteur paralympique, il obtient sa première médaille européenne en 2005, est sacré champion du monde des 100 et 200 mètres en 2007 et obtient une médaille de bronze aux Jeux paralympiques de Pékin en 2008. Une année plus tard, il souhaite se lancer dans un nouveau défi, des études de médecine. Diplômé en 2014, il s’installe comme orthopédiste. Lorsqu’il apprend que l’ESA, souhaitant déterminer si l’Espace peut être ouvert aux personnes en situation de handicap, est à la recherche de volontaires, il décide de saisir l’opportunité. Celui qu’on appelle le premier « parastronaute » va ainsi devoir relever de nombreux défis, tels notamment l’évacuation d’urgence d’une fusée…
L’ESA espère envoyer dans l’Espace son premier « parastronaute » dans les dix prochaines années, ce qui serait une première mondiale, une grande victoire pour l’Europe et pour l’inclusion des personnes souffrant de handicap dans notre société, brisant un des derniers plafonds de verre.
Valentina, Claudie, John, tous trois ont franchi un cap que beaucoup croyaient impossible et méritent amplement qu’on se souvienne d’eux comme de grands conquérants de l’Espace, tant pour leur nation que pour l’humanité.
Maxime Pochard
Étudiant en Licence III d’Histoire à la Faculté des lettres de Sorbonne Université
Article écrit dans le cadre de son projet de mémoire en collaboration avec Mid&Plus*
*Mid&Plus a, au printemps 2023, à la demande de la Sorbonne, piloté quatre étudiants effectuant leur stage de fin de licence au sein de notre rédaction, afin de les sensibiliser et commencer à les former au métier de journaliste. Ils ont choisi de traiter du thème de l’engagement, qu’il soit littéraire, artistique, sportif ou politique, appliqué à deux femmes et un homme d’hier, aujourd’hui et demain, choisis selon leur domaine d’intérêt.
Marie-Hélène Cossé et Vicky Sommet