Dany Charbonnel, comme ceux qui atteignent les 80 ans, s’est dit que cet âge franchi était assez terrible parce qu’on ne pouvait s’empêcher de penser à ce qu’il y a derrière… D’où la nécessité de faire un « reset » et de s’apercevoir que « ça a été tellement vite ! ». Mais l’occasion de se dire aussi qu’il reste du temps et qu’on va en profiter chaque jour un peu plus.
L’âge de ses artères
« On n’y pense pas, car on tombe dedans sans s’en apercevoir ! ». Si en réalité rien ne change, ce cap vous incite à regarder en arrière. En feuilletant un album de photos ou en consultant les photos de son téléphone, force est de se dire qu’en très peu d’années, on a changé de tête, de maintien, peut-être même de regard. Chaque année, lors de son anniversaire, 20, 30… 60 et plus, il ne se passe pas vraiment grand chose. Mais 80 ans serait-il un tournant dans notre vie ? Pour Dany pas vraiment. « On ne s’habille pas différemment, on ne se maquille pas différemment, on a déjà trouvé son style depuis des années et si je ne mettais pas de mini-jupe avant, je ne vais pas commencer à le faire. Mais quand je regarde les vitrines, je me dis que rien n’est pour moi, ça c’est sûr. »
L’âge de ses envies
« Il n’y a rien à changer, il n’y a qu’à continuer. » Ajouter des activités ou des projets risque à 80 ans de déstabiliser une vie déjà bien organisée. Peut-être aussi représenter une certaine mise en danger parce qu’on risque de ne pas être assez performants, mais l’âge n’empêche rien, inutile de se mettre des obstacles par peur de goûter à la nouveauté. « L’angoisse quand on vieillit, c’est de se retrouver au bout de la table lors des déjeuners familiaux. Or mes petits-enfants continuent à me regarder. L’un de mes petits-fils qui marchait derrière moi dans la rue m’avouait que, de dos, j’avais l’air d’une jeune fille. Là, j’ai pris 30 cm d’un seul coup ! ». C’est aussi l’âge où on vous laisse la place dans le métro et si, la première fois, ça surprend ou ça agace, après on trouve ça vraiment sympa et bienvenu.
« À 80 ans, il faut aimer ses habitudes, ne pas les maltraiter, ce sont des repères confortables.
À 80 ans, c’est une forme de liberté, on peut dire oui ou non, sans avoir à se justifier.
À 80 ans, on a envie de rire et de danser… le Madison !
À 80 ans, on s’énerve pour chercher ses lunettes, son téléphone, etc. et on est heureux de les retrouver !
À 80 ans, on jubile quand on vous dit : « mais vous ne les faites pas ! ». »
L’âge d’un certain avenir
L’avenir est plus restreint sans savoir combien il durera. Les centenaires sont de plus en plus nombreux et il n’est pas interdit d’espérer que le temps soit le plus généreux possible pour nous laisser de nombreuses opportunités de voir, découvrir et agir à notre guise. Le corps ou la tête, il n’y pas photo, il vaut mieux avoir les deux en état de marche. « Quand je me regarde dans une glace, j’ai encore l’image d’il y a une dizaine d’années. Et je me surprends à me dire « je ne suis plus la même ». Les compliments des hommes existent toujours, mais ils portent plutôt sur l’élégance que sur le physique. »
Et Dany de conclure : « Le meilleur moyen de lutter contre le vieillissement, c’est d’être de bonne humeur et d’avoir les traits qui remontent à la verticale. Et si on a attendu d’avoir 80 ans pour avoir de l’humour, la séance de rattrapage sera trop longue à vivre. » Et la mort ? Même pas peur ! Et la vie ? « Je l’aime à mourir », comme le chante si joliment Francis Cabrel.
Vicky Sommet