Sophie Dancourt n’a de cesse de lutter contre notre invisibilité. Avec le média qu’elle a créé en 2016, J’ai piscine avec Simone¹, elle donne une voix à la génération des femmes de 50 ans tombée dans les oubliettes de notre société et s’interroge : « Vieille, c’est à quelle heure » ?!
Activiste du vieillissement des femmes
Sophie Dancourt n’a pas peur d’utiliser le mot vieille. « Séniore est un mot fourre-tout. À 50 ans on est séniore, et on le reste jusqu’à 90 ans ? », me dit-elle. « Le jeunisme sévit, mais pas pour tout le monde. Les femmes ont double peine : elles souffrent de l’âgisme et du sexisme ambiants. C’est tout à fait positif de vieillir du côté des hommes ! ». C’est bien connu : les femmes vieillissent, les hommes mûrissent… « Un jour, je me suis aperçue qu’on ne parlait pas de la femme de plus de 50 ans dans la presse généraliste : nous sommes pourtant plus de 10 millions en France ! Le diktat de la jeunesse impose d’être mince, sans ride et sans cheveu blanc ! ». Elle déplore le regard de la société porté sur les femmes, entretenu par l’imaginaire collectif : les femmes sont jeunes, puis mères, puis grand-mères, « mais le mot grand-mère renvoie à une femme de plus de 70 ans ! ».
Une génération entière qui passe à la trappe
« Nous sommes pourtant une génération indispensable, non prise en compte par la société. Le monde du travail n’a pas un regard positif sur la vieillesse, les femmes de plus de 45 ans sont à dégager ! Les entreprises y perdent des ressources indispensables, un ADN et la transmission de compétences extraordinaires. J’ai moi-même fait le test d’envois de CV à 50 ans : je n’ai pas eu de réponse ! Tout est axé vers les jeunes, car la productivité est associée à la jeunesse. Avec des carrières plus courtes, les femmes subissent un écart de pension de retraite de 40% par rapport à celle des hommes. » Au travers de son livre écrit à la première personne, fruit de son expérience personnelle et des témoignages qu’elle a recueillis, Sophie veut « donner confiance aux femmes ». Elle apporte une réflexion joyeuse sur l’âge et l’accomplissement des femmes au tournant du milieu de leur vie.
Alors, vieille, c’est à quelle heure ? « C’est à la société que je renvoie la question ! » me répond-elle. « Il n’y a pas d’heure ! C’est la société qui impose une date de péremption. Sophie Dancourt souhaite que toutes les générations s’emparent du problème de notre invisibilité. Un livre à s’offrir et à offrir à nos filles !
Marie-Blanche Camps
Vieille, c’est à quelle heure ?! 50 ans, le nouvel âge d’or de Sophie Dancourt (Editions Leduc, mars 2022)
¹Son média à remous (dixit) J’ai piscine avec Simone (Simone, parce que Simone de Beauvoir, Simone Veil, Simone Signoret…) porte un regard sociétal sur les femmes actives de 45 ans à 65 ans et est, pour Sophie, un moyen de donner de la voix à cette génération, de montrer à toutes les femmes, jeunes et moins jeunes, des rôles modèles. « Tout le monde ne se reconnaît pas en Jane Fonda, dans la pub pour une grande marque », dit-elle.