Je ronfle, tu ronfles, elle ronfle

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Certains ne ronflent qu’occasionnellement. D’autres… Une fois que les pistes¹ impliquant une consultation médicale sont écartées et que l’on s’est assuré qu’il s’agit du ronflement simple, objet de cet article, nous pouvons en toute simplicité passer en revue les méthodes pour l’arrêter ou le diminuer.

Quelques chiffres

Plus souvent inspiratoire qu’expiratoire, non perçu par le sujet lui-même, le ronflement est dû à la vibration des différentes parois bordant les espaces aériens des voies aérodigestives supérieures. Son intensité est de 76 dB en moyenne (de 40 dB bruit léger peu gênant pour l’entourage jusqu’à 80 dB vite difficile à supporter…). Un ronfleur² sur deux s’ignore ou ne veut pas se reconnaître comme tel. Tous âges confondus, 50% des hommes et 25% des femmes seraient ronfleurs, plus de 50% gênent leur conjoint… Mais la proportion varie beaucoup avec l’âge (35% à l’âge de 20 ans, 70% à l’âge de 70 ans). Le nombre de ronfleurs croît avec l’âge jusqu’à 60 ans, la croissance étant dite en plateau. Jusqu’à 60 ans, la fréquence des ronfleurs chez les hommes est plus importante que chez les femmes, puis deviendrait ensuite identique. Le ronflement croît avec l’indice de masse corporelle et le tabagisme, la consommation d’alcool ou de drogue et enfin la prise de somnifères.

Un sujet social et familial

Si le ronfleur simple n’est pas en danger vital, il est cependant en danger social et familial. En effet, le sujet provoque souvent plaisanteries et sarcasmes. Le ronfleur, après avoir en général nié la gêne qu’il provoque, finit par en être persuadé et peut s’isoler, quitter le lit conjugal, éviter les sorties pour ne pas être la cible de quolibets ou les voyages ou toute autre activité l’amenant à vivre en groupe, perdre un certain « statut social et familial » et aller jusqu’à une certaine forme de dépression. Le sujet du ronflement est parfois au cœur de la survie du couple…

Les aides naturelles pour arrêter de ronfler

– Perdre du poids est souvent une condition suffisante pour diminuer fortement, voire même supprimer le ronflement (avec l’aide d’un nutritionniste ou au moyen du sport).
 
Réduire la consommation des dépresseurs respiratoires, somnifères, tabac, alcool ou drogues si elle est régulière et excessive.
– Renoncer à la position sur le dos (coudre une balle de tennis ou plusieurs balles dans le dos de la veste de pyjama, prévoir une sonnerie qui retentit si la position dorsale est maintenue sont des pistes qui ont fait leur preuve…).
– Favoriser la position sur le ventre.
– N’utiliser qu’un seul oreiller (on peut au besoin placer des livres sous le matelas).

Les aides mécaniques

– Il existe un certain nombre de produits en vente libre appliqués par voie nasale ou buccale censés agir par diminution de la résistance au passage de l’air (produits huileux, vasoconstricteurs, émollients ou autres, bandelettes nasales, spray, languettes, appareil buccal). Il n’existe cependant pas d’études permettant de déterminer leur réelle efficacité.
– Il existe une bague anti-ronflement avec un effet notable soit immédiatement, soit au bout de 3 ou 4 jours par atténuation de la vibration du voile du palais. Le système s’appuie sur la médecine traditionnelle chinoise et son action sur les méridiens (comme le bracelet à porter au poignet pour éviter le mal des transports car il stimule un point empêchant nausée et vertige). Il convient de porter la bague pendant toute la nuit à l’auriculaire de la main gauche pour activer le méridien en lien avec les muscles souhaités.
– Il existe aussi l’orthèse dentaire qui permet d’obtenir une avancée mandibulaire. Les points d’appui dentaires doivent être suffisants et de bonne qualité et il faut avoir un parfait bilan bucco-dentaire. Mais les effets secondaires sont nombreux et elle est difficilement supportée et son efficacité sur le ronflement là-aussi n’est pas prouvée…
– Il existe enfin des thérapeutiques chirurgicales qui permettent d’augmenter le calibre des voies aérodigestives supérieures, mais il s’agit d’une solution médicale lourde.

Ce tour d’horizon permet de rappeler que le ronflement est un sujet grave. Soit il est le symptôme d’un mal plus grave, soit en cas de ronflement simple il peut cacher un mal-être social et familial qu’il est bon de régler à l’aide d’un médecin. Si les aides mécaniques ne semblent pas toujours convaincantes, les aides naturelles sont elles à disposition de notre… bonne volonté ! « Ronfler, c’est dormir tout haut » disait Jules Renard.

Marie-Hélène Cossé

¹La première chose à savoir est qu’un ronfleur peut cacher un malade en grand danger dont le ronflement ne serait que le symptôme d’un mal plus important, l’apnée du sommeil, qui met en jeu le pronostic vital du ronfleur, voire de son entourage (accidents de la route ou du travail que sa somnolence peut provoquer ainsi que l’aggravation des risques cardio-vasculaires). Il s’agit de l’interruption du flux aérien naso-buccal de plus de 10 secondes chez l’adulte et de 5 secondes chez l’enfant. C’est donc une limitation du débit inspiratoire. On estime en France qu’entre 600.000 et 2.4 millions d’individus sont atteints d’un SAS. Un médecin généraliste qui examine 30 malades par jour se trouve chaque semaine en présence d’1 si ce n’est 2 malades apnéiques. Le ronflement peut aussi être le signe d’allergies ou bien de congestion nasale (faire un bilan ORL, vérifier sa cloison nasale pour s’assurer qu’il n’existe pas une déviation ou des lésions bénignes).
²Puisqu’il n’y a pas seulement des ronfleurs, mais qu’il existe aussi des ronfleuses, le nom de ronfleur dans cet article sera donc générique, masculin et féminin.

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