J’peux pas, j’ai piscine

0

Nager en mer c’est l’inconnu, l’aventure, « nager en piscine, quel soulagement, c’est simple, c’est clair, c’est juste nager, pur étonnement que rien ne divertit » disait la philosophe Annie Leclerc. Où trouver une piscine lorsqu’on passe l’été à Paris ? Et pour faire des longueurs ou s’y prélasser, quel maillot adopter ? Ce fameux petit bout de tissu qui fascine autant qu’il fait peur…

♦ Bikini, monokini et tutti quanti
par Vicky Sommet

Un bout de tissu, petit ou grand, montant ou échancré, le maillot est le symbole de la libération du corps féminin tout en étant le témoin de l’hypersexualisation et de l’érotisation qui font peur à tant d’hommes. C’est au 19ème siècle seulement que les femmes se sont approchées de l’eau. Mais pour passer d’une pièce aux deux pièces, il a fallu que les hommes n’aient plus peur de voir le nombril, signe de l’hérédité avec le cordon ombilical, et qu’un juge américain acte, pour défendre une championne de natation accusée d’impudeur, que ce vêtement n’est pas impudique là où il est porté.

Invisibilisation des corps en burkini, le maillot devient un objet politique, achat citoyen quand on sait qu’il est fabriqué en fibres issues du pétrole qui libèrent des microfibres plastiques dans les machines à laver. Le rapport au corps s’en est trouvé modifié et les injonctions corporelles de la mode concernent aussi maintenant le maillot à tel point qu’on peut dire aisément qu’il est féministe ! Mais porter un maillot, c’est avant tout exercer son droit aux vacances, tout en éduquant les hommes pour qu’ils acceptent que ce bout de tissu soit l’aboutissement de deux cents ans de revendications féminines.
« Les dessous du maillot de bain Une autre histoire du corps » d’Audrey Millet  (éditions Les Pérégrines, mars 2022).

♦ Au fond de la piscine
par Christine Fleurot

Plongez en compagnie des sœurs Schneck dans la géographie, l’architecture et l’intimité des piscines parisiennes, vous trouverez  forcement le bassin à votre longueur. « J’peux pas j’ai piscine » c’est sans doute ce qu’ont répondu en chœur pendant un an à leur entourage les sœurs Schneck. Colombe, journaliste-écrivaine et Marine, diplômée des Beaux Arts et en « rêvasserie augmentée ». Toutes deux ont enfilé maillot et bonnet, hiver comme été, afin de recenser les 42 piscines parisiennes passant au filtre chloré tous les critères : accès, tarif, température, qualité et propreté de l’eau, mesures du bassin, douches (ah les cheveux !) et vestiaires…

Émaillé d’illustrations sur le vif, d’anecdotes savoureuses, de belles rencontres, de détails architecturaux (Vue quand on nage le dos crawlé ?), de réflexions subtiles comme celles relatives à l’intimité du corps (mixité des douches) et d’adresses revigorantes à la sortie du bassin, ce guide à quatre mains au-delà d’une immersion sportive rafraîchissante dans les bassins de Paris est aussi un reflet sociologique inédit de ses arrondissements.
Paris à la nage – Guide des piscines parisiennes de Colombe & Marine Schneck (My Little Paris – Allary Éditions 2022).

À lire aussi

L’Éloge de la nage de la philosophe Annie Leclerc (Actes Sud, 2002) 
Journal de Nage, dernier livre de l’académicienne Chantal Thomas (Seuil, mai 2022)
Le syndrome de la brasse coulée de Julia Mattera (Flammarion, mai 2022)
– En chlore heureux, numéro spécial de L’Équipe, du 3 juin 2022

L'article vous a plu ? Partagez le :

Les commentaires sont fermés.