Comment être heureux

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Notre présence au Printemps de l’Optimisme le 21 mars nous amène à réfléchir au bonheur et à ses recettes. Jetons pêle-mêle dans notre blender : altruisme, bienveillance, engagement, estime de soi, gratitude, optimisme, psychologie positive, mixons, laissons reposer et voyons ce qui nous revient :

La gratitude. C’est constater le bien reçu, reconnaître que la source de ce bienfait se trouve en dehors de soi, dire merci. Elle existe dans toute religion, mais peut tout aussi bien être laïque.
Des petits trucs pour l’exprimer le matin en se levant :
– Penser aux choses heureuses de la vie et se détourner de ce qui peut lui manquer,
– Passer de « je veux ça » à « je suis heureux de ce que j’ai »,
– Se décentrer, donc se soulager de la pression que nous nous mettons à force d’attention à nous-mêmes,
– Entrer dans une relation chaleureuse au monde et aux autres puisque nous les remercions,
– Être content de recevoir aide et soutien, donc accepter sa vulnérabilité.
Plus souvent nous nous efforçons de relever nos raisons d’être reconnaissant, plus facilement nous en trouvons, ce qui permet d’être dans un état général plus positif, enthousiaste au quotidien et optimiste sur l’avenir. Plus nous exprimons notre gratitude aux autres, plus nous en sommes appréciés, donc plus ils sont aimables… La gratitude ? Et si c’était une alternative au matérialisme ambiant, gangrène de notre société de consommation. www.youtube.com/watch?v=2jZ1ZIawk5k

La psychologie positive. Rencontre coup de cœur durant ce Festival des Énergies Positives avec Ilios Kotsou*. Son message est de ne pas confondre bonheur et plaisir : le bonheur comme un impératif, le bonheur matériel – on atteint, on consomme – à tout prix, ne mène nulle part. Le bonheur ne s’achète pas, il doit être un sens dans notre existence (notre vie vaut la peine d’être vécue), une façon de fonctionner. Il s’agit avant tout de regarder le monde comme il est, de prendre le temps de s’arrêter, de revenir à l’attention des petites choses qui nous entourent, de porter le regard sur ce qui donne du sens : « Lorsque vous regardez par la fenêtre, dehors il y a du béton et un arbre. Vous voyez l’arbre et cela vous rend heureux. Bien souvent, c’est la poursuite du bonheur qui nous empêche de l’atteindre ! ». À force de le chercher et de le mettre ailleurs, on ne voit pas où il est, on ne voit pas qu’il est même peut-être déjà là à portée de main… Chacun sa recette, mais pour Ilios, être heureux c’est être sage, honnête et juste…

L’engagement. Il faut cesser d’espérer et se mettre à agir. Dans cette perspective, deux autres belles rencontres du Festival, la première avec Alexandre Jardin**, parrain de l’édition 2015. Le zèbre ne mâche jamais ses mots, son slogan : A bas les diseux, vive les faiseux ! Il propose à ceux qui ont envie d’agir, d’œuvrer, de passer à l’acte, de rejoindre la plateforme de « faiseurs » qu’il a créée avec quelques copains : Bleu Blanc Zèbre. Il la définit comme un Do-Tank, des citoyens qui proposent et relayent des solutions pragmatiques pour essayer de faire bouger le paysage français dans tous les domaines, sans compter sur l’État et les Politiques.
La deuxième rencontre, avec le rappeur écrivain Rost***, président de l’association Banlieues Actives. Sa proposition : « faire société ensemble ».  Il faut continuer à réduire les inégalités, lutter contre les injustices et l’exclusion et « redonner le sourire et un peu d’espoir à tous ceux pour qui l’avenir se limite seulement à la minute d’après ». Il souhaite que les nombreuses actions qui existent déjà dans les quartiers populaires soient plus mises en avant.

L’estime de soi. « Elle est au centre de la relation humaine » nous dit Rolande Maio****, formatrice-coach, qui a animé le très bel atelier Je m’aime, je sème, je s’aime que le Printemps de l’Optimisme nous avait confié : 200 personnes venues se prêter aux exercices d’inclusion, contrôle et ouverture proposés par Rolande. L’estime de soi est le cœur du cœur du réacteur de chacun d’entre nous d’où émergent créativité, motivation, efficacité et envies. Sans estime de soi, pas de progression possible. Comprendre que sa relation aux autres dépend en grande partie de la relation que l’on a avec soi-même et de sa propre estime, un jardin à cultiver pour le voir croître et embellir. Si je me sens bien avec moi-même, si je m’estime, alors je me sentirai bien avec les autres. 

Que retenir finalement de toutes ces recettes ? La gratitude est essentielle au mécanisme du bonheur. Celui-ci est avant tout dans ce qu’on fait et là où nous portons notre regard, ici et maintenant. Il faut se regarder avec bienveillance, mais aussi être ouvert à nos propres peurs, les identifier puis les accueillir afin de mieux vivre avec elles. Il n’y a pas de bonheur seul, il faut tendre la main aux autres, mobiliser ses ressources personnelles et s’engager. Et au départ de tout : s’estimer.

 Marie-Hélène Cossé

loge de la lucidité, se libérer des illusions qui empêchent d’être heureux, Ilios Kotsou, Éd. Robert Laffont, 270 pages, €19.00, Préface de Christophe André, février 2014. Ilios Kotsou est doctorant en psychologie des émotions à l’Université Libre de Bruxelles. Il écrit et intervient dans plusieurs universités sur le thème des émotions, du bonheur et de la pleine conscience. Formé à l’approche de Palo Alto et à la mindfulness, il s’intéresse de près aux interactions entre la science fondamentale et la mise en pratique. www.youtube.com/watch?v=CAL6cfxKuc0 
**Pascal Jardin, écrivain, cofondateur de l’association Lire et Faire lire. bleublanczebre.fr/    

***Rost s’est fait connaître comme taggeur et chef d’une des bandes les plus virulentes des années 1990 avant de reprendre son destin en main, entamer des études de droit et devenir artiste et producteur, puis porte-parole attitré des quartiers en difficulté. 
****Rolande Maio, Formatrice-coach, ex-Présidente de l’Association Française de Praticiens Élément Humain® rkm.fr/

 

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