Se libérer du syndrome du sauveur inlassable

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Vous avez forcément un « sauveur » dans votre entourage… à moins que ce ne soit vous qui souffriez de ce syndrome ! Hélène Vecchiali, psychanalyste et auteure, nous parle d’eux. Qui sont ces inlassables « sauveurs » qui deviennent victimes de leur besoin ardent d’être aimés ? D’où vient leur syndrome ? Mais surtout… comment s’en libérer ?

Le sauveur sait sauver

L’histoire du « sauveur » remonte à son enfance. S’il sait sauver, c’est qu’il est tombé dans la marmite petit et qu’il a probablement dû sauver du fait de son histoire familiale, qui un père violent, qui une mère inquiète, une grand-mère déprimée, un frère ou une soeur handicapé(e), etc. Quelque fois même des choses beaucoup plus anodines que seul l’enfant perçoit et qui font de lui un « sauveur ». Il peut aussi s’agir d’un enfant dont les parents étaient eux-mêmes des « sauveurs » qui lui ont montré la voie pour plus tard en passant leur vie à sauver tout le monde dans leur entourage, bien souvent au détriment de leur propre famille qui est passée au second plan et qui n’était plus prioritaire.

« L’enfant devient thérapeute malgré lui, une sorte d’enfant paratonnerre. »

Aucun amour à la clé

La plus grande tragédie du « sauveur » avec sa grande générosité apparente, son goût du sacrifice et de l’abnégation, c’est qu’au bout du compte, inconsciemment, il donne à fonds perdus ! En effet, en retour, il aimerait recevoir de l’amour, alors que ce qu’il recueillera, au mieux, ce sera de l’admiration, de la reconnaissance, mais jamais d’amour. Ça ne peut donc que mal se terminer ! Lorsque le « sauveur », une fois son « sauvetage » terminé, attend cet amour en retour du « sauvé », celui-ci ne comprendra pas son attente. Il va mieux (il n’a d’ailleurs pas toujours demandé à être sauvé ou bien il a fait une « petite demande », bien en deçà du service qu’a décidé de rendre le « sauveur ») et poursuit son chemin, laissant là le « sauveur » qui se demande « je deviens quoi moi ? », estimant avoir une dette. La relation passe alors bien souvent du duo au duel, le « sauveur » allant parfois jusqu’à agresser le « sauvé » qui ne comprend pas sa réaction. En effet, ce dernier a remercié, mais ne peut pas « rendre » au sens où l’entend le « sauveur », c’est-à-dire combler sa dette d’amour.

« Imaginez-vous l’ambulancier vous demander de prendre sa place au volant ? On ne change pas les règles du jeu en route. »

Du sauveur compulsif au sauveur sain

La bonne nouvelle, c’est qu’on peut s’en sortir ! Pour cela, il faut entamer un processus de guérison. Pour commencer, il faut vouloir changer. ll y a une prise de conscience à avoir, comprendre d’où vient ce besoin compulsif de sauver, ce qu’il s’est passé pendant l’enfance pour se rendre compte qu’on est dans un rôle et que ce n’est pas notre identité propre. Admettre que « dans cette famille, j’ai sauvé pour avoir un rôle » par exemple. Une fois la décision de changer entérinée, le deuxième processus consiste à passer du sauveur compulsif au sauveur sain en appliquant la règle fondamentale : je propose (mon aide), mais je n’impose plus. Et bien sûr, on n’insiste plus après avoir proposé si l’autre ne rebondit pas (bien souvent, insister fait partie du processus d’hameçonnage du « sauveur »).

« L’image de l’hôtesse de l’air dans l’avion qui montre comment mettre le masque en indiquant aux parents qu’en cas de pépin ils devront le mettre à leurs enfants une fois seulement qu’ils auront mis le leur est une belle métaphore de ce que le « sauveur » doit faire : se sauver d’abord ! »

Se guérir du syndrome du sauveur est donc possible, que ce soit avec l’aide d’un thérapeute, ou bien accompagné(e) d’un livre ou guidé(e) par une rencontre qui donne le déclic. Et que devient-on une fois qu’on sort de la peau du « sauveur » ? Eh bien, on guérit le vide en soi par soi, mais aussi avec des gens qui nous aiment enfin pour ce que nous sommes et pas pour ce que nous faisons. « Je n’ai plus d’autres missions que celles que je m’octroie moi-même ! », dit le « sauveur » sauvé. Quel beau programme !

Marie-Hélène Cossé

La tragédie des sauveurs ou le besoin ardent d’être aimé d’Hélène Vecchiali (Éditions Marabout, mars 2024)

Vous désirez en savoir plus ?
Hélène Vecchiali animera pour Mid&Plus une visioconférence sur « Se libérer du syndrome du sauveur inlassable ? » le jeudi 18 avril prochain de 18h30 à 20h00 en nous donnant des pistes. Avons-nous le syndrome du « sauveur » ? Si oui, comment en guérir ? Avons-nous un « sauveur » dans notre entourage ? Comment lui en faire prendre conscience ? Pour s’inscrire, c’est ici.

Question à Hélène Vecchiali (auteure de « Mettre les pervers échec et mat » (Marabout, 2014)
Peut-on dire qu’il existe des similitudes entre le « sauveur » et le pervers narcissique ? Oui, dans leur mode opératoire qui est le même au départ : hameçonnage, lune de miel, soutien absolu. Non, dans l’objectif  (sauver pour être aimé dans un cas, détruire dans l’autre) et dans la fin (séparation douloureuse dans un cas, jusqu’à la mort dans l’autre) qui diffère.

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