Vivre avec sa douleur

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Créé il y a une vingtaine d’années, le diplôme d’algologie, la médecine qui prend en charge la douleur, a bien évolué au fil du temps. Après avoir été orienté au cours de ses études par un de ses patrons, le docteur L. en a fait sa spécialité, choisissant d’exercer en libéral tout en conservant des vacations hospitalières en centre antidouleur.

Apprendre au patient à gérer sa douleur

En 20 ans la prise en charge de la douleur chronique a considérablement évolué. La première génération était très interventionniste avec beaucoup de gestes au bloc opératoire ; il s’agissait de techniques invasives, d’injections en profondeur. On voulait apporter des réponses locales et pérennes. Petit à petit on a constaté que ce n’était pas efficient et on a évolué vers une autre approche qui consiste à impliquer d’avantage le patient dans la gestion de sa douleur. L’éducation thérapeutique a pour but d’aider le patient à vivre avec sa pathologie douloureuse et à s’adapter à ses capacités nouvelles. Vivre le plus confortablement possible « avec » la douleur. Cette adaptation relativement facile pour certains patients est extrêmement compliquée pour d’autres. Le patient qui consulte un médecin de la douleur souffre généralement de douleurs chroniques non soulagées par les traitements habituels, que la cause ou l’origine exactes de la douleur soient identifiées ou non. Il est par conséquent nécessaire de trouver un nouvel angle clinique et thérapeutique et de proposer de nouvelles orientations de traitement.

Tissage de réseau

La première consultation va questionner le patient sur les répercussions de la douleur sur sa vie quotidienne, ainsi que sur son adaptation à cette douleur. La mise en place des moyens passe par le tissage d’un réseau extérieur constitué de kinés, d’ostéopathes, de podologues, de psychologues et de différents praticiens, les neurologues lorsqu’il s’agit de céphalées, les rhumatologues, voire les chirurgiens orthopédiques pour l’appareil locomoteur, etc. Les kinés affinent le diagnostic et aident à faire des propositions de rééducation. Les ostéopathes ont une démarche clinique orientée vers la posturologie et détaillent chaque axe sensitif de la posture. La mésothérapie peut être une des réponses, il s’agit d’injection de médicaments en très petite quantité au plus près de la cible. La reprise de l’activité physique s’effectue de manière progressive et respectueuse de la douleur. Il s’agit pour le patient d’apprendre à adapter ses gestes à sa douleur et à tenir compte de son handicap dans sa nouvelle vie.

Si les patients trouvent dans cette spécialité une oreille attentive à leur souffrance, malheureusement celle-ci souffre d’un manque de reconnaissance de la part des institutions et continue à attirer un nombre insuffisant de praticiens.

Brigitte Leprince

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