Hostiles : un grand western

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Scott Cooper renoue avec le genre western en réalisant une grande et belle histoire humaniste et généreuse évoquant la fin de la conquête de l’Ouest, les terribles guerres indiennes, « the trail of tears »¹, le déplacement de plusieurs peuples amérindiens par le gouvernement des Etats-Unis pour donner leurs anciennes terres aux colons européens²… sans oublier le rôle de la fameuse cavalerie (sans trompettes). 

Le capitaine Joseph Blocker, qui a tué beaucoup d’indiens et perdu aussi beaucoup d’amis pendant la conquête des territoires « hostiles », se voit confier une dernière mission, celle d’escorter le chef Cheyenne Yellow Hawk, qu’il a combattu à Little Big Horn, depuis le Nouveau Mexique jusqu’au Montana, son ancienne terre tribale, pour lui permettre de mourir sur ses terres. Pendant la traversée de ces régions grandioses, ils rencontreront une jeune femme, rescapée du massacre de sa famille par les Comanches, qui se joint à eux dans cette équipée périlleuse où ces personnages, tous symboliques de l’histoire violente des Etats-Unis, sortiront différents.

Yellow Hawk atteindra les hautes plaines du Montana pour être enterré selon les mystérieux rites funéraires indiens qui disent qu’un homme a au moins deux âmes : « l’une est libre de toute attache et peut quitter le corps durant le sommeil et la maladie, l’autre reste chevillée au corps ». La première gagne immédiatement le monde des esprits (les choses de l’ombre) qui le gardent et s’en prennent aux vivants si les morts viennent à être dérangés. Joseph Blocker veillera à ce que le chef y repose en paix, même s’il doit braver les grands propriétaires terriens et affronter une autre étape de l’histoire américaine. L’hostilité des personnages entre eux fait place, dans cette magnifique épopée, à la compréhension et à la solidarité.

Ce western moderne, façon « road movie » sur fond de musique envoûtante, poursuit l’œuvre d’autres grands réalisateurs, loin des gentils cowboys et des méchants indiens. Il interroge l’Amérique d’aujourd’hui sur son éternel renouvellement pour un monde meilleur ou toujours plus hostile ?

Anne-Marie Chust

¹« La piste où ils ont pleuré ».
²Il a fallu attendre 2004 pour qu’une résolution soit présentée devant le Sénat et la Chambre des Représentants ayant pour objet de « présenter des excuses à tous les peuples indigènes au nom des Etats-Unis pour les politiques passées mal conçues à l’encontre des tribus indiennes et notamment « l’Indian Removal Act ». La résolution est acceptée par le Sénat en 2009 !

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