Joan Mitchell, passion couleur

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Américaine née à Chicago en 1926, Joan Mitchell est une artiste de la seconde génération du mouvement expressionniste abstrait. Abstraite mais terriblement concrète si on regarde ses toiles inondées de couleurs, de coups de pinceaux, de traces de couteau et de jets de tube qui témoignent de « sensations mémorisées ».

Une artiste de l’intérieur

C’est en digne fille de sa mère, la poète Marion Strobel, que Joan a trouvé sa forme d’expression poétique qui passe par la gravure et la peinture. Et c’est par ses toiles immenses qu’elle s’est fait connaître, à la fois pour l’emploi audacieux de couleurs où elle mélange le violet à l’orange ou le bleu au jaune « Pour moi, jaune ce n’est pas forcément joyeux » et pour le hasard qui dirige ses créations, où les pinceaux vont comme aimantés par la toile blanche, où les couteaux s’immobilisent à certains endroits pour créer des couches épaisses et où l’artiste laisse couler la couleur, souvent jetées par des lanières qui vont donner des formes abstraites à l’œuvre qui, la plupart du temps, n’a pas de titre.

Une femme sur les cimaises

Dans les années 50, Joan va rencontrer le succès à une époque où les femmes artistes étaient peu reconnues. L’art déjà présent dans son enfance, elle se passionne à l’adolescence pour le patinage artistique et remporte le championnat féminin du Midwest, elle étudie ensuite à l’Art Institute de Chicago où elle reçoit un Bachelor of Arts et poursuit sa formation à New York où elle s’initie aux idées de la New York School dominée par l’art abstrait. Influencée par Van Gogh ou Kandinsky, elle vient à Paris tout en affirmant « Je n’aime pas la France, je n’aime pas les Français ». C’est pourtant à Paris qu’elle décide de s’installer et c’est en France qu’elle vivra jusqu’à sa disparition en 1992.

« La peinture, c’est l’inverse de la mort, elle permet de survivre, elle permet aussi de vivre. »

Tout est paysage, tout est poésie

De son installation dans la campagne française à Vétheuil, elle est inspirée par l’eau de la Seine qui coule devant sa propriété. Avec en mémoire, l’eau du lac Michigan de son enfance ou l’Hudson à New York, « Je découvre que l’on peut même trouver une raison de vivre dans les profondeurs, les reflets dans l’eau ». Mais elle ne peint jamais en extérieur. « Je peins à partir de paysages mémorisés que j’emporte avec moi. » L’eau et le ciel s’expriment par le bleu céruléen, le jaune des champs de colza et des tournesols sont éclatants, et les sujets disparaissent sous des amas de couleurs, de pastels, de gouaches, ou installés en blocs monolithiques quand Joan perd son inspiration.

©Joan Mitchell - Exposition Fondation Louis Vuitton 2022 2023

 

L’exposition des toiles de Joan, couplées avec celles de Claude Monet, à la Fondation Vuitton est le résultat d’une idée très moderne, très audacieuse et parfaitement en harmonie avec ces deux amoureux de la couleur, de la nature, sauvage ou disciplinée, et où la figuration de l’un et l’abstraction de l’autre, parlent avec un même langage qui nous émeut.

Vicky Sommet

Fondation Vuitton « Joan Mitchell, rétrospective » et « Monet-Mitchell » jusqu’au 27 février 2023.

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