29 janvier 1962, Yves Saint Laurent signe son premier défilé de haute couture sous son propre nom. « La maison a déjà fêté tellement d’anniversaires, je voulais faire autre chose. » déclare Madison Cox¹. C’est donc 60 ans plus tard, dans six musées parisiens, que se déploie l’exposition Yves Saint Laurent aux Musées, un hommage sans précédent au dialogue qu’Yves Saint-Laurent entretenait avec l’art.
« J’ai toujours placé au dessus de tout le respect de ce métier qui n’est pas tout à fait un art mais qui a besoin d’un artiste pour exister. » Yves Saint Laurent
De musée en musée, se dessinent différents récits qui permettent de découvrir les inspirations du couturier. Ainsi, au Centre Pompidou, l’art moderne apparait comme une source d’inspiration essentielle pour réinventer la mode, ses lignes et ses couleurs. Dans une scénographie dépouillée, la célèbre robe Hommage à Pietr Mondrian (1965) côtoie l’une des toiles de l’artiste.
« Poliakoff et Mondrian m’ont apporté un rajeunissement et un rafraichissement extraordinaires : ils m’ont appris la pureté, l’équilibre » Yves Saint Laurent
Au Musée d’Art Moderne, la majesté du lieu ainsi que les couleurs de l’œuvre monumentale de Raoul Dufy- la Fée Electricité– mettent en lumière trois sublimes robes de satin : harmonie subtile entre la soie et la peinture, mise en dialogue évidente entre la matière et les couleurs. Fasciné par le génie de Picasso, Yves Saint Laurent lui dédie plusieurs collections. On retrouve au Musée National Picasso-Paris deux vestes « Hommage à Picasso » exposées en regard des tableaux qui les ont inspirées.
Au Musée du Louvre, dans la Galerie Apollon, comme un écho aux stucs, aux dorures et à la lumière, quatre vestes, véritables objets d’art, traduisent la richesse d’inspiration du créateur : la veste Hommage à ma maison (1990) est entièrement brodée d’or et d’un cristal de roche dont la couleur se transforme constamment sous l’effet de la lumière. Un face à face masculin-féminin, au Musée d’Orsay, évoque la passion proustienne d’Yves Saint Laurent : en contrepoint de robes blanches et romantiques crées pour le Bal Proust en 1971², une série d’élégants smokings noirs.
« Proust est celui qui a parlé le plus des femmes et dont la vie se rapproche un peu de la mienne ». Yves Saint Laurent
C’est dans une atmosphère feutrée, celle du Musée Yves Saint Laurent, que l’on revoit les images du majestueux défilé rétrospectif organisé à Beaubourg en janvier 2002 : 2 000 invités, 200 mannequins et 300 modèles retracent 40 ans de création d’une élégance et d’une beauté indicibles. Puis, comme un point final, on écoute, nostalgique, la voix si singulière d’Yves Saint Laurent :
« Je veux remercier les femmes qui ont porté mes vêtements, les célèbres et les inconnues, qui m’ont été si fidèles et qui m’ont causé tant de joies (…) On me pardonnera d’en tirer vanité mais j’ai cru que la mode n’était pas seulement faite pour embellir les femmes mais aussi pour les rassurer, leur donner confiance, leur permettre de d’assumer (…) »
L’artiste se retire définitivement de la haute cuture le 22 janvier 2002 et s’éteint le 1er juin 2008 en laissant une oeuvre grandiose célébrée par cette exposition inédite et exceptionnelle, une promenade entre patrimoine de la haute couture et oeuvres d’art.
Véronique de Labarre
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¹Président de la Fondation Pierre Bergé- Yves Saint Laurent.
²Bal donné par le Baron et la Baronne Guy de Rothschild pour le centième anniversaire de la naissance de Marcel Proust.