Le nouveau Musée Fragonard-Paris

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Même si vous connaissez déjà le Musée Fragonard du Parfum de Grasse et celui de la rue Scribe à Paris, n’hésitez pas à pousser jusqu’au Square de l’Opéra Louis Jouvet pour découvrir le nouveau Musée du Parfum de la maison Fragonard. Vous ne serez pas déçus. Le lieu, chargé d’histoire, est magique et inattendu. La visite, passionnante.

Au cœur de Paris, près de l’Opéra Garnier se nichait au XIXe siècle ne enclave de fêtes : la Comédie parisienne, un jardin d’hiver, des galeries et… un vélodrome où, sur deux étages enterrés et pour quelques sous, les parisiens et parisiennes venaient prendre des leçons de conduite de petite reine sur des pistes bien cirées! La maison très anglaise de meubles Maple séduite par cet environnement tout de bois vêtu, y établit son show-room et traversa le siècle. En 2014, la maison Fragonard reprend le lieu le et le confie à l’architecte François Muraciole qui sublime l’endroit : écrin, ou plutôt « flacon » de pierre, de briques, de métal et de bois. Nous voilà transportés dans le passé.

Une longue histoire. Nous y découvrons la maison Fragonard, qui doit son nom au peintre Jean-Honoré Fragonard, société familiale créée en 1926 (on fête ses 90 ans) par Eugène Fuchs et aujourd’hui gérée par la cinquième génération (trois femmes sont aux manettes : Agnès, Françoise et Anne Costa). Originaire de Grasse et symbole d’un certain art de vivre mutin, voir libertin au XVIIIe siècle, Fragonard a tout naturellement inspiré l’entreprise de parfum, certaines de ses toiles allant jusqu’à donner leurs noms à des parfums (Moment volé, Billet doux). Nous apprenons à comprendre l’origine des parfums, à base d’essences de fleurs, d’épices mais aussi d’essences animales.

Quelles essences animales sont utilisées en parfumerie ?– L’essence de civette. Elle est extraite des glandes intestinales de cette charmante petite bête.
– L’ambre grise au nom poétique, n’est rien d’autre qu’une sécrétion de cachalot que l’on retrouve sur les rivages. Moins glamour, non ?
– Une petite dernière, le musc ? Encore une sécrétion mais cette fois-ci du chevrotin mâle pendant les périodes de reproduction…
Aujourd’hui, les essences animales sont d’origine synthétique.

Saviez-vous que certaines fleurs sont « muettes » ? Il est ainsi impossible d’extraire l’essence du muguet ou du lilas. Heureusement, dans les années 70 des techniques ont été développées pour capter les molécules odorantes de ces fleurs, trouver leurs structures moléculaires et reproduire synthétiquement leur parfum.

– L’essence la plus chère du monde ?
C’est l’essence d’iris. Elle est extraite de ses racines ou rhizomes. On met trois ans pour en extraire l’équivalent d’un litre et il coûte la bagatelle de 100 000 € !

Un voyage olfactif. La visite se poursuit, sous le regard bienveillant des alambics disposés sur la coursive supérieure du musée, par des explications sur les procédés de fabrication du parfum. À chaud ou à froid selon la fragilité de la fleur. Ensuite, le moment magique… le mélange des essences par les « nez » pour créer leur nouveau bébé. Et en avant la musique, car la parfumerie emprunte beaucoup au champ lexical de la musique. Les flacons d’essences sont disposés sur un orgue à parfum et le nez va puiser dans les notes de tête, fraîches et volatiles, dans les notes de cœur, thème du parfum et dans les notes de fond, puissantes et lourdes pour composer son parfum. Entre 20 et 250 essences différentes peuvent entrer dans la composition d’un parfum.

Du parfumeur au collectionneur. Pour relier le XVIIIe siècle et le parfum, Jean-François Costa, l’un des successeurs d’Eugène Fuchs, avait décidé dans les années 1950 de constituer une collection de flacons de parfums que nous retrouvons dans ce nouveau musée. On apprend que les égyptiens furent les premiers parfumeurs avec leurs baumes et leurs huiles parfumées conservés dans des contenants en terre cuite. Les grecs et les romains adoptent l’eau parfumée qu’ils conservent dans de beaux flacons en verre irisé. Le Moyen-Âge voit apparaître les « pomanders » ou boîtes de senteur à garder sur soi et présentant le parfum en plusieurs quartiers. Sous Louis XIV, les flacons de parfum sont des bijoux indicateurs de notre place dans la société. Le règne de Louis XV voit les premiers brûle-parfums et les pots-pourris embaumer l’atmosphère. Au XIXe siècle, les parfums se cachent dans les bagues…La collection est magnifique et infinie.

La visite ne saurait se terminer sans les travaux pratiques où nous essayons de reconnaître les essences derrière les parfums. Pas donné à tout le monde d’être nez, je peux vous le garantir !
Olfactivement vôtre.

Agnès Brunel-Averseng

Nouveau Musée du Parfum Fragonard : 3-5 square de l’Opéra Louis Jouvet – 75009 Paris – Tél. : Ouvert du lundi au samedi, de 9h00 à 18h00 – Visite guidée et gratuite

Deux conseils pour votre usage personnel afin de profiter au maximum de votre parfum :
– Que vous portiez de l’eau de Cologne, de l’eau de toilette, de l’eau de parfum ou du parfum, votre précieux élixir est à conserver dans des flacons qui le protège de leurs trois ennemis : la lumière, la chaleur et l’humidité. Moralité, si vous n’avez pas de flacons en aluminium doré de chez Fragonard, conservez votre parfum au réfrigérateur pour le garder intact longtemps.
– Visez les points de pulsation du corps : derrière les oreilles, au creux du coude ou même du genou et sur le poignet. Et surtout, ne frottez pas ! Tapotez légèrement.

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