Lectures à dévorer : les sagas

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Nos bibliothécaires de l’association Culture et Bibliothèque Pour Tous nous font partager cette semaine six sagas qu’elles ont dévorées. À découvrir ou redécouvrir, à glisser dans votre valise ou votre sac pour les vacances de Toussaint qui se profilent. 

©LivresMid&PlusL’homme de Constantinople et Un millionnaire à Lisbonne de J.R. Dos Santos (éditions Hervé Chopin, 2019 et 2020)

R. Dos Santos part sur les traces de l’homme d’affaires arménien et millionnaire Calouste Gulbenkian, (Monsieur 5%) qui régna sur l’empire du pétrole en Europe et dans l’Empire ottoman. Cette saga familiale, à cheval entre le XIXe et le XXe siècles, qui mêle fiction et réalité, nous propulse de l’Europe à Lisbonne en passant par Londres, Paris. Érudition et histoire sont habilement combinées pour raconter sur plusieurs générations, la vie hors du commun de ce personnage fascinant, rebaptisé par l’auteur Kaloust Sarkissian. Une histoire tout aussi passionnante qu’instructive.

Écorces de Hajar Bali (Éditions Belfond, janvier 2020, €18)

Écorces livre le destin d’une famille à travers l’histoire de quatre femmes, (de l’Algérie sous période coloniale à 2016) à partir du récit de Baya, la matriarche, gardienne de la mémoire familiale et  arrière-grand-mère de Nour, jeune étudiant en mathématiques. Pour cela, l’auteur chahute la chronologie en entremêlant les voix du passé et du présent. Le corps du livre se laisse traverser par toutes ces voix. Le style délicat et la construction brillante donnent un roman polyphonique lumineux.

Rhapsodie italienne de Jean-Pierre Cabanes (éditions Albin Michel, octobre 2019, €22,90)

Voici une saga historique qui débute en 1915 pour  s’achever en 1945. Trente années de péripéties érudites qui content les destins mouvementés de trois personnes de l’Italie de Mussolini, toutes emportées par le souffle des événements qui les emmènera en Éthiopie, Espagne, Grèce et Stalingrad. L’auteur restitue avec brio l’atmosphère du moment (les scènes de batailles sont bien décrites et haletantes, les personnages bien campés). L’ensemble, nourri pas des références historiques, est rythmé par une aisance d’écriture qui plaira aux passionnés d’histoire comme aux amateurs de saga.

©LivresMid&Plus Les Maia de Eça de Queiros (réédité aux Editions Chandeigne, 2000, 796 pages, €15)

Ce livre, considéré comme le chef d’œuvre de Eça de Queiros, est une fresque de la vie mondaine au Portugal. Nous voilà embarqué dans l’histoire de Carlo da Maia, élevé par son grand-père, médecin, qui mène une vie de libertinage dans la haute société de Lisbonne du XIXe siècle, dont le destin basculera avec un secret de famille Tous les ingrédients sont réunis :  intrigues, jalousies, amour, passions… Le style frappe par sa précision, la richesse de son vocabulaire et sa capacité à suggérer des atmosphères permettent d’appréhender toute la situation d’une époque à travers la vie d’une famille d’aristocrates portugais sur trois générations. On est bercé par cette langue généreuse, au souffle romanesque et  emprunte de tendresse, d’humour et d’ironie. Magistral !

Florence Desgranges

La vallée du lotus rose de Kate Mc Allister (éditions Archipel, 2018, Archipoche 2019)

Années 30. Jezabel Tyler, jeune aristocrate anglaise, orpheline à 17 ans, est envoyée en Inde, destinée par son parrain et tuteur à un riche homme d’affaires avec qui il a partie liée. De Southampton à Calcutta,de multiples aventures vont mettre à l’épreuve son courage et son intelligence. Elle va charmer plus d’un homme, de l’aventurier américain, à un prince indien… dont elle doit repousser les  avances car elle vit dans la crainte des représailles de son « fiancé » dont la puissance n’a d’égale que sa cruauté. Roman haletant où les passions, les dangers, l’exotisme, ornent une page de l’histoire de l’Inde déchirée entre le désir d’indépendance et la soumission à l’occupant anglais. L’héroïne, telle une indomptable Angélique, est très attachante.  Sa jeunesse est confrontée à des choix qui vont l’obliger à devenir très vite une femme forte et se battant pour sa liberté. À l’eau de rose ? Et alors ! C’est divertissant, bien écrit, et le premier tome de cette saga invite à poursuivre les aventures de la belle Jezebel.

Les femmes de la Principal de Lluis Llach (éditions Actes Sud (Babel), mai 2019)

Ce roman a pour théâtre un domaine viticole en Catalogne espagnole où trois générations de femmes se succèdent à la tête de la propriété. La période occupant la majorité du récit est celle de l’Espagne fasciste. Les clivages au sein de la famille, les caractères originaux, doivent rester dans l’ombre, lorsqu’on appartient à une caste dominante… Face à l’adversité, ces femmes passionnées sauront trouver en elle-même le courage nécessaire et les soutiens indispensables à la survie de l’exploitation familiale. Très intense et bien menée, cette sulfureuse saga familiale nous emporte dans les secrets de famille les plus scandaleux et sait faire la part belle à l’amour qui ne connaît pas de lois, celui des belles et dangereuses Carmen.

Béatrice Bothier

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