Toutes deux grands reporters à Paris Match dans les années 80, Agathe Godard et Dany Jucaud ont sorti, chacune en même temps, le récit de leurs années paillettes au milieu des stars, l’une pilier des boîtes parisiennes, l’autre perchée dans sa maison sur les collines de Los Angeles. Retour sur des années de grande insouciance où le mot d’ordre était : la fête !
♦ Agathe Godard, c’est Palace !
par Vicky Sommet
La nuit, c’était son domaine, les fêtes, l’extravagance et la démesure, une vie qu’a vécue Agathe Godard comme grand reporter pour Paris Match « Le poids des mots, le choc des photos ». Elle fréquenta Régine, Les Bains-Douches, Castel ou l’Alcazar mais, à défaut d’être belle, riche et célèbre, le sésame indispensable pour rentrer dans les clubs parisiens, elle s’était liée d’amitié avec Grace Jones qui dansait les seins nus et y croisait Yves Mourousi, Françoise Sagan ou Amanda Lear. Seule consigne, ne pas être la cible des langues de vipère « Ni showbiz, ni show-off » et « Si vous ne voulez pas être habillé pour l’hiver, partez le dernier ». Elle dine avec Andy Warhol, pose nue pour Lucien Clergue, écrit pour Raymond Queneau, rencontre Joe Dassin à l’université du Michigan, séduit James Hadley Chase, fut complice avec Renaud, eut une liaison avec Omar Sharif, admira Mohamed Ali qui faisait des tours de magie et se lia d’amitié avec John Travolta qui l’accueillit souvent dans son ranch. « Être Palace » signifiait atteindre le nirvana et se rapprocher de la béatitude ! Agathe avait suivi Daniel Filipacchi son patron d’alors qui proclamait que « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tard ».
L’âge d’or des People dura une décennie mais un jour, elle quitta ses « bleus de travail », fourreaux de Dior et stilettos de Louboutin qui ne lui serviraient plus jamais. Sa rubrique « La vie parisienne » disparut à l’arrivée d’un nouveau directeur de Paris Match, sans nostalgie, car au final « J’aimais les plaisirs immédiats, les aventures sans futur et par-dessus tout ma liberté ».
« Mes nuits parisiennes » d’Agathe Godard (Flammarion, avril 2024)
♦ Dany Jucaud, du haut de la Cité des Anges !
par Marie-Hélène Cossé
Après des débuts au cinéma comme monteuse sur le sulfureux Emmanuelle, Dany Jucaud se lance dans le journalisme et rejoint Paris Match, alors au sommet de sa gloire. Formée sur le tas, elle y sera grand reporter pendant 40 ans et y vivra la belle et grande époque de la presse et des stars. Souvenons-nous qu’à l’époque, bien avant les réseaux sociaux, Paris Match était parmi les moyens les plus efficaces de s’informer sur la vie secrète des vedettes et le monde de paillettes ! Dans sa maison sur les hauteurs de la trépidante ville californienne, ancienne propriété d’Alain Delon, elle reçut parmi les plus célèbres : Sean Connery, Kirk Douglas, Sharon Stone… Cette redoutable journaliste excellait dans l’art de poser les bonnes questions au bon moment aux bonnes personnes. Son récit déborde d’anecdotes sur les rencontres qui ont marqué sa vie de reporter à Hollywood et sur les coulisses d’un magazine alors mythique, à une époque où on sautait dans un avion pour un oui ou pour un non et où l’école de la débrouillardise et du culot primait sur toutes les autres !
« Je pense qu’être journaliste, c’est une façon de penser, un état d’esprit, de curiosité, de pratique. Ça ne s’apprend pas. C’est dans votre ADN. » dit-elle dans un interview au journal Le Point.
Ce livre pétillant, parfait pour les hamacs cet été, est tout à la fois le témoignage d’une ère révolue qu’un retour sur l’Amérique des trente dernières années.
J’avais une maison à Los Angeles de Dany Jucaud (Stock, mai 2024)