Nos lieux cultes

0

L’équipe vous dévoile ses lieux cultes, ceux qui ont compté et qui comptent encore pour chacune d’entre elles, qui permettent l’espace d’une visite de se recentrer, de se retrouver, de laisser remonter les émotions venues de très loin. Et vous, quel est votre lieu culte, celui qui vous fait vibrer ?

♦ Les plages de Carnac
par Brigitte Leprince

©office du Tourisme de CarnacJe les ai toutes fréquentées ! À 2 ans, j’ai manié mes pelles et mes râteaux à la grande plage ; à 18 ans, j’ai roulé des pelles et pris des râteaux à Légenèse. À 30 ans, j’ai porté les pelles et les râteaux de mes enfants à Ty Bihan. À 60 ans, j’ai traîné les pelles et les râteaux de mes petits-enfants à Saint Colomban. Dernière étape la plage de Beaumer, sans pelle, sans râteau et sans enfant. Un maillot de bain et une serviette de plage.

♦ La poêle à frire 
par Vicky Sommet

©Maison de la radioDésolée d’être aussi irrespectueuse, mais c’est le nom donné à la Maison ronde, appelée ensuite Maison de Radio France et aujourd’hui Maison de la Radio et de la Musique. Donc le nom de MA maison car je m’y suis rendue tous les matins, jours de fête et week-ends compris, pendant près de 30 ans. Elle est bien ronde puisqu’on dit aux visiteurs perdus que l’architecte Henry Bernard continue depuis 1963 à tourner dans les sous-sols sans parvenir à trouver la sortie ! Les couloirs bruissent de voix, France Inter, France Culture sont diffusées jour et nuit, mais aussi dans les ascenseurs pour monter avec FIP ou France Info, seules les toilettes sont épargnées ! La Maison se visite et a été inscrite aux Monuments historiques en 2018 mais chacun des journalistes la garde dans son cœur… même longtemps après l’avoir quittée !

Dans ma malle à souvenirs, je trouve Ingrid Betancourt libérée des FARC dire qu’elle écoutait RFI au fond de la jungle pour ses enfants, Gérard Lenorman avec qui je danse sur la « Balade des gens heureux », ou un marin venu voir qui se cachait derrière la voix féminine qui lui détaillait la météo marine à l’autre bout du monde, Françoise Sagan qui ne terminait jamais ses phrases ou une jeune fille timide venue avec sa maman… Céline Dion.

Visiter la Maison de la Radio

♦ Le jardin du musée Rodin
par Michèle Robach

©Musée Rodin - Mid&PlusRue de Varenne, niché au cœur du très résidentiel 7ème arrondissement de Paris, le musée Rodin est un lieu admirable, pour le bonheur des visiteurs. Le sculpteur lui-même a occupé les lieux et ses nombreuses sculptures dispersées dans un vaste parc de 3 hectares sont là pour nous rappeler ses passions, ses obsessions ses fantasmes, ses émotions. De même que les matières qu’il affectionnait, marbre, plâtre, pierre transforment ses sculptures, les saisons transforment la nature. Ce jardin est une expérimentation perpétuelle, renouvelée tout au long de l’année. Glacial et sobre en hiver, riche et sonore lorsque les températures sont plus clémentes, le bonheur de la visite est sans cesse réinventé. Rodin lui-même, ne disait-il pas : « Il n’y a point de recette pour embellir la nature, il ne s’agit que de voir ».

Le Jardin du Musée Rodin

Albert Bridge, Londres
par Marie-Blanche Camps

C’est, dit-on, le pont le plus romantique de Londres… Il est dans tous les films tournés dans cette ville dans laquelle j’ai passé de très belles années : Absolute Beginners, Love Actually, Casino Royal... Les amoureux s’y font déposer en black cab pour se prendre en photo dans la cabine téléphonique côté nord ou s’embrasser au milieu du pont. Peint de rose et de vert pastel, il est illuminé chaque soir par 4 000 ampoules qui soulignent sa silhouette majestueuse. Construit en 1873, Albert Bridge, nommé en l’honneur du feu mari de la reine Victoria, relie le quartier chic de Chelsea à celui de Battersea, le nord au sud de Londres. Il fut quelque temps à péage (les postes à péages sont les seuls à subsister à Londres), puis rapidement surnommé The trembling Lady : on peut ressentir encore aujourd’hui ses vibrations quand un grand nombre de voitures le franchissent. Jamais remplacé, souvent restauré, il est interdit aux camions et aux bus.©Wikipedia - Albert Bridge, LondresJe l’ai franchi des centaines de fois en vélo, à pied ou en voiture, avec un plaisir à chaque fois renouvelé, au gré des marées de la Tamise. J’entends encore le cri des mouettes et l’odeur de Battersea Park me replonge dans ce décor changeant et féérique… Ma madeleine de Proust à moi, qui me remémore mes années London.

♦ Ma cabane au fond du jardin
par Agnès Brunel-Averseng

©Mid&PlusOu devrais-je dire ma bulle de sérénité, créativité, liberté ? Mon atelier, mon lieu culte, mon refuge. À quelques mètres de la maison seulement mais, lorsque j’y fais retraite, il pourrait être partout ou nulle part, il est MON univers. Dès que la porte s’ouvre, son odeur, reconnaissable entre toutes, m’enveloppe : bois, peinture, solvants. Les livres, les toiles, les châssis, les cartons, les chevalets m’invitent. Un peu de luminothérapie , de musique appropriée à mon humeur et le temps disparaît. Oublie-moi monde extérieur !

♦ Le château enchanté de Saint-Germain-en-Laye¹
par Anne-Marie Chust

Ce château bizarre, qui ne ressemble à aucun autre, entouré de la plus belle perspective du monde : la terrasse de Louis XIV (et de Lenôtre) dominant la vallée de la Seine (et ses boucles comme on dit maintenant). D’abord château fort, puis Saint-Louis l’agrandit en 1238 et fait ajouter une chapelle (qui aurait servi de modèle à la Sainte-Chapelle de Paris), puis un donjon de 38 mètres, puis François 1er qui, influencé par l’art italien (moi je trouve qu’il ressemble à un château anglais), fait ériger en 1539 le « Château Vieux ». Résidence royale sous Henri IV et Louis XIII, et sous ce pauvre tout jeune Louis XIV, obligé de se réfugier dans ce château presque vide et comme hanté, sous la Fronde, dormant à même le sol sur quelques fagots de paille, et sans doute terrorisé…. Il lui rendra ses lettres de noblesse mais le quittera définitivement pour s’installer à Versailles, sans doute traumatisé par ses souvenirs passés.
©Wikipedia - Château de Saint Germain en LayeMais c’est Gérard de Nerval qui en a le mieux parlé : « Les hautes fenêtres et les balcons dorés, les terrasses où ont paru tour à tour les beautés blondes de la cour des Valois et de la cour des Stuarts, les galants chevaliers des Médicis et les Écossais fidèles de Marie Stuart et du roi Jacques²… et cet aspect moitié galant-moitié guerrier… »  Sans oublier son poème « Fantaisie » qui me fait toujours penser à « mon » château : « …Puis une dame à sa haute fenêtre, blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens, que dans une autre existence, peut-être, j’ai déjà vue et dont je me souviens… » Gérard croyait en la réincarnation !

¹Aujourd’hui Musée d’Archéologie Nationale. Cela peut faire une belle visite.
²Jacques II Stuart mort à Saint-Germain-en-Laye.

L'article vous a plu ? Partagez le :

Les commentaires sont fermés.