Trois femmes d’Art Paris 2021

0

À la 23e édition d’Art Paris 2021*, la question de la visibilité des femmes ne s’est plus posée : elles étaient bien là ! Et on ne peut qu’admirer leur démarche artistique en relation avec les problématiques sociales et culturelles, totalement détachée de la traditionnelle « esthétique féminine ». Une belle occasion pour nous de mettre en avant trois artistes dans l’air du temps.

Claire Tabouret, incontournable

À 33 ans, elle est déjà la peintre que les collectionneurs s’arrachent et François Pinault en tête. Pourtant, elle n’a pas été d’emblée validée et aura mis du temps à intégrer une galerie. Le succès arrive en 2011, lorsqu’elle se tourne vers la figuration, un coup de génie. Ses portraits sont nimbés de couleurs toxiques : vert nucléaire, violet hématome. Leur originalité est de montrer ce qu’on ne voit pas : un sentiment, une humeur. C’est une artiste qui représente l’humain mais aussi ce qu’il pense, ce à quoi il rêve, ce qui lui fait peur. Sous ses coups de pinceau amples, c’est un monde de sensations qu’elle nous révèle avec le silence en présence constante. Elle le dit elle-même à propos de ses toiles : « C’est effectivement silencieux et en même temps ça rugit ».

Rebecca Brodskis, figure émergente

Présentée dans le catalogue d’Art Paris comme l’une des figures féminines les plus prometteuses de la peinture contemporaine, Rebecca Brodskis nous livre des portraits sur aplats colorés. Les couleurs sont tantôt fortes et puissantes, tantôt douces et nuancées. Attirée par les études théoriques, elle consacre un master en sociologie  à la vulnérabilité et la crise sociale et cela se sent car elle nous invite à ne pas avoir peur de dépasser « les limites du réel » et ses portraits sont de fait « engagés », surtout lorsque les visages sont marqués par les épreuves de la vie et que les regards sont comme « habités ». Entre art figuratif et abstraction, ses représentations brouillent les genres. L’artiste représente l’humain avant de distinguer un sexe et ses visages se veulent « une réflexion de l’âme », de l’être intérieur. D’ailleurs elle ne dit pas qu’elle peint des portraits mais qu’elle peint des gens : des êtres noirs, blancs, asiatiques, androgynes, rachitiques ou bien en chair, bref la diversité.

Marjane Satrapi, venue du cinéma et de la BD

Franco-iranienne, elle est surtout connue comme réalisatrice (film Radioactive sur Marie et Pierre Curie, 2019) et comme auteur de bandes dessinées en noir et blanc à succès (Persépolis en 4 tomes entre 2000 et 2003 qui retrace sa vie et son enfance à Téhéran pendant la révolution islamique). Elle commence à peindre pour son plaisir et uniquement des femmes. Une de ses expositions s’intitule « Femme ou rien ». Ses tableaux sont très colorés (rouge foncé, noir) et mettent à l’honneur des femmes qui échappent au conformisme et prennent leur destin en mains.

Michèle Robach

*Cette édition 2021, qui s’est tenue pour la première fois dans le Grand Palais Éphémère conçu par l’architecte Jean-Michel Wilmotte sur la pelouse du Champ de Mars, semble avoir été un succès en terme de diversité artistique et d’ouverture sur le monde. La jet-set et les professionnels de l’art international se sont bel et bien déplacés, faune bien singulière pour le 7e arrondissement de Paris.

L'article vous a plu ? Partagez le :

Les commentaires sont fermés.