La liste indispensable des titres à glisser dans vos bagages pour passer un bel été. Une sélection livrée par Béatrice et Florence de la Bibliothèque pour tous.
♦ Le pays des autres de Leïla Slimani (Gallimard, mars 2020, 368 pages, €20)
Leïla Slimani écrit l’histoire de ses grands-parents Amine et Mathilde pendant les années 1946-1956. Tous deux sont de culture différente, de religion différente. Une fresque intimiste et subtile, portée par une écriture fluide et délicate. Le pays des autres est le premier opus d’une trilogie. On attend la suite !
♦ J’aurais pu devenir millionnaire, j’ai choisi d’être vagabond d’Alexis Jenni (Éditions Paulsen, janvier 2020, 220 pages, €21)
Alexis Jenni dresse un portrait tout en délicatesse de John Muir, inventeur, botaniste émerite, écologiste avant l’heure qui vécut au XIXe siècle. John Muir, qui a œuvré pour la création des parcs nationaux aux États-Unis (il créa le parc national de Yosemite) sillonna le monde à pied et fut le premier à dénoncer l’exploitation de la nature. Une biographie très riche, d’un homme original, qui fit le choix d’une vie libre, loin de toutes contraintes.
♦ Miroir de nos peines de Pierre Lemaître (Éditions Albin Michel, janvier 2020, 544 pages, €22,90)
Fin de la trilogie commencée avec Au revoir là-haut (prix Goncourt 2013) suivie par Couleurs de l’incendie (2018). L’intrigue se déroule pendant la Drôle de Guerre avec l’exode en toile de fond. Nous sommes sur les pas de Louise qui fait le lien avec les personnages des histoires des deux précédents opus. Ce troisième et dernier volume est construit avec une grande maîtrise.♦ Fuir et revenir de Prajwal Parajuly (Éditions Emmanuelle Collas, mars 2020, 387 pages, €21)
Histoire de Chitrakekha Neuphale, femme puissante et influente de Gangtok (État du Sikkim, situé au cœur de l’Himalaya indien), appartenant à la caste la plus haute et qui décide d’inviter ses quatre petits-enfants qu’elle n’a pas vu depuis dix-huit ans (ces derniers vivant dans différents pays du monde). Un tableau coloré de l’Inde, de ses traditions, de ses coutumes religieuses qui décrit bien les différences culturelles avec le monde occidental. Dépaysement assuré.
♦ Célibataire, heureuse et prête à tout de Katherine Heiny (Éditions Lattes J.C., septembre 2019, 320 pages, €20,90)
Voici un recueil de onze nouvelles qui narrent les histoires de Sasha, Maya, Gwen, Sadie… qui ont choisi de ne pas sacrifier leur vie de femmes et donc de suivre leurs envies sans se poser de questions. Chaque texte évoque une tranche de la vie d’une héroïne dont le fil conducteur est l’adultère. On suit avec plaisir leurs tourments, leurs joies et les événements de leur quotidien. Savoureux, drôle, un lâcher prise total.
Florence Desgranges
♦ La femme révélée de Gaëlle Nohant (Grasset, janvier 2020, 371 pages, €22)
Dans le Chicago des années 50, Eliza, en se mariant avec Adam, fait le choix d’une vie confortable. Mais un incendie suspect dans le ghetto noir l’amène à mener l’enquête et lorsqu’elle réalise que son mari est impliqué dans ce drame, elle n’accepte pas de se taire et publie des photos accusatrices. Des menaces de mort l’obligent à fuir à l’étranger avec son fils. Une vie de clandestine commence pour elle à Paris. Elle reviendra à Chicago en 1968, au moment des violentes répressions contre les manifestants pacifistes et anti-racistes, et risquera sa vie en mitraillant les belligérants. Magnifique portrait d’une femme engagée, déchirée entre l’amour filial et le combat pour une juste cause.
♦ Va ou le vent te berce de Sophie Tal Men (Albin Michel, mars 2020, 288 pages, €18,90)
Gabriel et Anna ont tous les deux vécu des traumatismes profonds et vivent repliés sur leur douleur. Gabriel, bénévole à l’hôpital, a un don particulier pour endormir les bébés. Il trouve là un sens à sa vie. Anna se retrouve seule avec un bébé ; elle va se battre pour retrouver confiance en elle et à nouveau exercer son métier de chirurgien. Et il y a ce refuge accueillant en Bretagne… C’est une belle histoire que leur rencontre. Et ce roman, résolument optimiste, est un vibrant hommage aux soignants et aux bénévoles.♦ Nos espérances d’Anna Hope (Gallimard, février 2020, 352 pages, €22)
À Londres en 2004, trois amies vivent avec une belle insouciance leurs années étudiantes. Libres et rebelles, elles devront néanmoins affronter les désillusions, les échecs, les incompréhensions. Les destins divergent quand des couples se forment, avec les inévitables jalousies et rancoeurs. Les hommes de leur vie ont fort à faire, face à ces femmes exigeantes, entières, sans concession. Puis vient un temps pour le lâcher-prise, la mise à distance, la chance d’un nouveau départ. Avec la maturité, elles retrouveront une amitié qui les confortera face à l’instabilité du monde. Les relations des mères et des filles font la trame de ce roman émouvant et bien mené.
♦ L’âge de la lumière de Whitney Scharer (Éditions de l’Observatoire, août 2019, €23)
Lee Miller a besoin de s’affranchir de la tutelle de son père, journaliste et photographe reconnu. En 1930, elle part à la conquête de Paris, bien décidée à se faire un nom grâce à son talent. Elle s’immisce parmi les artistes de Montparnasse et Man Ray, déjà célèbre, l’engage comme assistante. C’est une estime mutuelle qui va les réunir tout d’abord qui se transformera en un amour passionnel. Mais Lee, toujours en quête d’elle-même, ne pourra pas rester dans l’ombre de Man Ray et va le quitter. Elle ira à Berlin pendant la guerre comme reporter. De retour à Paris, ses photos seront enfin remarquées par un grand magazine. Son nouveau compagnon Roland Penrose l’emmène vivre dans la campagne anglaise. Cette très belle femme que fut Lee Miller aura eu beaucoup d’amants, mais Man Ray aura été le grand amour de sa vie.
Béatrice Bothier