Catherine Meyer, éditrice de conviction

0

Engagée, créative et qui aime surprendre, c’est ainsi que Les Arènes se présentent et on pourrait retenir la même formule au sujet de Catherine Meyer, Directrice du pôle Psychologie et Éducation de cette maison d’édition indépendante fondée en 1997. Découvrons-la au travers de ses choix éditoriaux, tant il est vrai qu’un éditeur se définit d’abord par son catalogue.

Du chant à l’édition

Ancienne élève de l’École normale supérieure, Catherine a partagé sa vie professionnelle entre le chant et l’édition. Elle n’entrera pas au conservatoire de musique supérieur de Paris, mais ne renonce pas pour autant à l’opéra qui la passionne depuis son plus jeune âge. Elle s’envole pour New York afin de compléter sa formation et, bonheur de la vie, exercera pendant 3 ans le métier de soprano lyrique. La voilà dans des rôles de belles amoureuses : Mimi dans La Bohème, Gulietta dans Les contes d’Hoffmann. Alors qu’elle interprète Donna Anna dans Don Giovanni, elle tombe amoureuse de Don Ottavio à la scène et l’épouse dans la vie. « Deux chanteurs et un bébé » devient vite une situation familiale ingérable, et comme la prise de risque ne l’effraie pas, elle se tourne vers l’édition. Après un passage de 8 ans chez Odile Jacob, elle est recrutée en 2004 par Laurent Beccaria fondateur et directeur de la maison d’édition Les Arènes, pour diriger le pôle Psychologie et Éducation[1]. Très tôt dans sa carrière d’éditrice, elle remarque qu’en France, les intellectuels sont coupés de la science alors qu’elle est un pilier fondamental de la culture et de l’éducation. Dès lors, la volonté de redonner toute sa place à la culture scientifique, va orienter ses choix éditoriaux.

Des engagements à contre-courant

Catherine entend bien jouer un rôle dans la vie des idées, mais pas celle des idées reçues. Le livre noir de la psychanalyse[2], s’inscrit dans cette logique : alerter le public sur le dogmatisme, les impasses, les victimes d’une pratique longtemps présentée comme non-réfutable, bref oser s’opposer aux gardiens du temple freudien. Suite logique, en 2008, l’ouvrage collectif Les nouveaux psys, rappelle qu’il existe des thérapies en dehors de la psychanalyse, qui ont fait leurs preuves et qui apportent bien-être et autonomie à ceux qui en ont besoin. Une manière pour les chercheurs d’écrire en dialoguant à condition de bien s’entendre sur la vision des textes et leur potentiel. Un autre ouvrage malmène les croyances de #MeToo sur la sororité : « En finir avec la rivalité féminine ». Basé sur des témoignages et des études scientifiques, l’essai montre que la concurrence entre femmes existe et peut être féroce. Il propose des clés pour en surmonter les mécanismes[3] : toujours mettre l’accent sur  les solutions plutôt que sur l’analyse des excuses.

Une fibre profondément humaine

Le choix d’une œuvre à éditer suppose de penser aux difficultés des gens et aux solutions qu’on peut leur proposer. On est toujours proche de la réalité, il ne faut ni décevoir, ni faire douter mais plutôt trouver des réponses satisfaisantes aux vulnérabilités qui se font jour. L’objet des publications est d’essayer de trouver un rapport apaisé, d’individu à individu, de l’individu au collectif et de l’individu au monde. À travers sa sélection d’essais, Catherine propose des outils pour éviter le stress, rester serein. On découvre ainsi que la méditation est à la portée de tous[4], qu’on peut guérir de ses cauchemars[5], que tous les parents connaissent des difficultés avec leurs enfants et qu’il existe de nombreuses solutions[6].

Au sein du pôle Psychologie et Éducation, le catalogue de publications est à l’image de son éditrice, à la fois bienveillant et très exigeant, car c’est aux individus de se diriger eux-mêmes, afin d’éclairer le présent et l’avenir.

Michèle Robach

[1] Aujourd’hui, Catherine Meyer travaille également pour L’Iconoclaste, maison d’édition associée aux Arènes dirigée par Sophie de Sivry.
[2] Le livre noir de la psychanalyse, ouvrage collectif, dirigé par Catherine Meyer, Les Arènes, 2005.
[3] En finir avec la rivalité féminine, Élisabeth Cadoche et Anne de Montariot, Les Arènes, 2022.
[4] Méditer jour après jour, Christophe André, L’Iconoclaste, 2011.
[5] Manuel de guérison des cauchemars, Benjamin Putois, Les Arènes, 2020.
[6] Votre enfant face aux autres, Emmanuelle Piquet, Les Arènes, 2022.

L'article vous a plu ? Partagez le :

Les commentaires sont fermés.