Constance Yver-Elleaume, médecin des âmes en partance

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Trente années de quête, voilà le temps qu’il a fallu à Constance Yver-Elleaume pour accepter d’être sur terre et y trouver sa mission : l’accompagnement des mourants et des personnes très âgées vers cet ailleurs qui les appelle.

Vocation précoce, formation tardive

D’aussi loin qu’elle se souvienne, elle a toujours voulu faire de la médecine. Elle tient certainement une partie de sa vocation de son grand-père chirurgien, dont le souvenir a été marquant, même si elle l’a peu connu. Née dans une famille de pasteurs protestants, la médecine pour une fille à l’époque, c’était… infirmière, un mois d’essai qui la vaccine. Elle met alors son esprit qui fonctionne bien au service de la biochimie et passe par une phase suicidaire. Elle découvre la méditation quand elle a 20 ans, une pratique qui va changer sa vie et l’aider à enfin accepter d’être sur terre.

« La méditation a été pour moi la première médecine, profonde. »

Pour Constance, qui refusait d’être une grande personne, ce n’est qu’à 30 ans que la révélation et la prise de conscience s’effectuent et qu’elle mesure « la chance d’être sur terre vivante ». Elle passe d’un monde où elle attendait que tout tombe du ciel, sans avoir à demander, à la joie de « vivre sans rien attendre de qui que ce soit ni de quoi que soit, et d’accueillir tout comme un cadeau, le bon comme les frottements ». Elle garde précieusement gravé dans sa mémoire, cette phrase de sa professeure de Bharata natyam, une danse indienne :

« Là où va le regard va l’attention, là où va l’attention va la vie. »

Portée par la confiance

En décidant d’être là, elle assume son choix, devenir enfin médecin, 12 ans après son bac, soutenue par sa mère qui avait vu en elle cette prédestination. « Ma mère avait fondamentalement confiance en moi, ce fut un immense cadeau et j’ai cette confiance avec mes patients. » Chaque année de ses études, la Providence facilite son parcours, plaçant les bonnes personnes au bon endroit. En 2e année, elle travaille de nuit l’été comme aide-soignante en cancérologie et découvre que les infirmières s’éclipsent de la chambre des patients, une fois le cocktail lytique injecté. Sans bruit, Constance décide de rester au chevet d’une femme, l’accompagnant jusqu’au bout. Elle sera traversée par l’amour et prendra alors conscience de la peur que la mort exerce sur le mourant, la famille, les soignants et toute la société.

Un parcours lumineux

C’est le tout début des soins palliatifs et elle a la chance de pouvoir travailler en Suisse, dans une unité pilote de ce domaine. « J’ai été portée » dit-elle. Les portes s’ouvrent au Canada, en France lui permettant de se former. Elle a exercé en soins palliatifs avec sa sensibilité propre qui a parfois dérangé l’establishment tout en apportant tant d’humanité à celles et ceux qu’elle a accompagnés, attentive à ce qui avait lieu, écoutant et surtout croyant ce que les mourants ont partagé avec elle. « On est plus vaste que notre corps et au moment où le cocon craque – à notre naissance et lors de notre mort – le passage n’est pas forcément facile. »

« Ce que la chenille appelle la fin du monde, le Maître l’appelle un papillon. » Lao Tseu

Tout juste retraitée, Constance Yver-Elleaume poursuit son chemin de vie par le partage, la transmission et l’écriture, avec son prochain ouvrage, « Le sourire de la chenille, le jeu de la naissance et de la mort » à paraître en mars 2022 aux Éditions Le Souffle d’Or.

Anne-Claire Gagnon

LIRE : « Au-delà du dernier souffle » (Souffle d’Or, 2018) – « Apprivoiser le dernier souflfe » (Souffle d’Or, 2015).
Le site internet du Dr Constance Yver-Elleaume

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