Élisabeth Bardon, dualité réussie

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Passer d’une belle carrière dans la bureautique à la direction d’une ONG au Cambodge, la vie d’Élisabeth, 56 ans, n’a pas toujours été linéaire ! Et pourtant, l’un n’aurait pas su exister sans l’autre. Retour sur une belle aventure humanitaire au milieu des sourires d’enfants.

Réussir sans suivre la voie royale

Élisabeth perd son père lorsqu’elle a trois ans et demi. Sa mère, veuve avec trois enfants, la pousse à faire des études et à réussir quoiqu’il arrive pour pouvoir s’en sortir seule. Cette phrase a été le fil rouge de sa vie, elle a toujours voulu lui prouver qu’elle réussirait, mais sans suivre la voie royale. Lorsque sa mère meurt à son tour, Élisabeth n’a que 25 ans, le ciel s’effondre sur sa tête. « Je n’avais plus de plafond. Ça m’a fait grandir, vieillir plus vite. » Elle commence par rentrer chez Xerox à 21 ans où elle restera 12 ans, commerciale puis manager commercial. Lorsqu’elle comprend qu’elle n’est pas formatée pour les grandes entreprises (caractère trop entier et authentique…), la jeune femme cherche une PME où s’associer : « Je veux être acteur de ma vie. » À 33 ans, elle rejoint des amis qui montent une concession bureautique dans le 8e. Élisabeth connait une incroyable réussite jusqu’en 2013 où, à la suite d’un LBO, la question de savoir si elle reste ou part se pose. « Je me suis dit que si on me proposait de sortir, il fallait que je laisse la place. » Elle a 49 ans, une assise financière certaine, et décide alors de ne plus faire de business.

« J’avais gagné assez d’argent et suffisamment réussi pour décider de mettre à profit mon expérience au service des autres. »

Un troisième poumon

Élisabeth ne part pas sans rien dans sa vie… En effet, elle a découvert en 2002 PSE, l’ONG fondée au Cambodge en 1996 par un couple de retraités, Christian et Marie-France des Pallières. Bouleversée, elle parraine tout de suite, puis part l’été suivant avec une amie sur place afin de rencontrer les fondateurs et visiter les décharges sur lesquelles vivent les enfants. C’est le choc de sa vie ! « Les gens n’ont rien, ne se plaignent pas, donnent tout. » On lui propose de s’engager, ce qu’elle fait. Devenue administratice de l’ONG en 2005, elle ira passer deux semaines par an pendant 15 ans chez PSE à Phnom Penh en mission bénévole de coaching, ce qui devient fondamental à son équilibre.

« Ça m’a permis de rester ancrée pendant que je m’envolais dans ma vie professionnelle. C’était mon troisième poumon. »

En mars 2016, le directeur de l’ONG démissionne. Élisabeth part au Cambodge comme manager de transition pour le remplacer et trouver son successeur. La mission initiale de 3 mois se transforme en 15 mois sur place. « Ce fut une expérience à la fois magnifique et douloureuse. » Élisabeth, pour qui ses amis sont essentiels, se sent très seule aux commandes, là-bas, loin de sa vie sociale de célibataire très entourée à Paris. Elle décide de faire un break d’un an à son retour. En février 2018, des amis l’invitent à une retraite sur le thème de la transformation intérieure au Foyer de Charité de la Flatière² . « Je dis oui et je rentre bouleversée, perturbée. Je comprends que choisir c’est renoncer. » Quand PSE lui propose de repartir au Cambodge en septembre pour remplacer le nouveau dirigeant démissionnaire, Élisabeth le fait, mais cette fois-ci portée par sa mission, car elle l’a choisie. « J’aime développer, entourée de jeunes et de leurs milliers de sourires. »

Rentrée en France depuis décembre dernier, Élisabeth, altruiste dans l’âme, sait, malgré la pandémie et le peu de visibilité dans laquelle chacun se trouve, qu’elle veut continuer à œuvrer pour le bien commun et elle est bien décidée à profiter de la vie en attendant une prochaine mission pour une ONG. Carpe Diem !

Marie-Hélène Cossé

PSE – Pour un sourire d’enfant. C’est le soutien des bénévoles, donateurs et partenaires qui permet, au quotidien, de redonner le sourire à des milliers d’enfants. Dons déductibles fiscalement. Voir ou revoir Les Pépites, documentaire sorti en salle en 2016 racontant l’aventure de PSE.
La Flatière

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