Qui sont ces femmes qui nous ont inspirées en 2023/2024 dans des domaines aussi variés que la médecine, la littérature, le cinéma, le e-commerce, la réalisation ? Celles qui, dans une société en pleine métamorphose, témoignent d’un regard libre et décomplexé, chacune dans leur domaine. Céline, Madeleine, Meryl, Maud, Greta : qui êtes-vous ?
♦ Céline Gréco, le parcours exceptionnel d’une enfant martyre
par Marie-Hélène Cossé
Si mon premier choix était, je l’avoue, Judith Godrèche, pour sa sortie de l’ombre et l’incroyable travail qu’elle a accompli depuis en toute discrétion mais sans jamais rien lâcher, une phrase d’elle à Cannes a stoppé net mon élan : « On a assez parlé de moi comme ça » et j’ai pensé qu’elle avait sacrément raison ! J’ai donc eu envie de vous raconter l’étonnant destin de Céline Gréco, ancienne enfant battue et martyrisée psychologiquement par son père qui voulait en faire une prodige du piano. Sauvée par l’infirmière de son école qui fait un signalement à son arrivée à l’école (Céline pèse 31 kilos à 14 ans et lui avoue devoir jouer 45 heures au piano par semaine depuis son plus jeune âge), elle est placée à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) jusqu’à sa majorité. Elle s’accroche à son rêve de devenir médecin ce qu’elle est aujourd’hui : Cheffe de service à l’hôpital Necker-Enfants malades, médecine de la douleur et palliative. Elle a depuis fondé l’association Im’pactes en 2022 pour aider les enfants victimes de violences à guérir et s’insérer dans la vie.
Association Im’pactes
♥ Meryl Streep à l’honneur à Cannes
par Brigitte Leprince
L’élégance de Michèle Morgan,
Le talent de Katharine Hepburn,
Le sourire de Pénélope Cruz,
La décontraction de Sharon Stone,
Le sérieux de Nathalie Portman,
La spontanéité de Danielle Darrieux…
On pourrait décliner à l’infini les qualités de Meryl Streep. Elle ne joue pas, elle « est « tous les personnages qu’elle incarne avec une aisance à faire pâlir toutes les autres actrices. J’admire la femme et savoure de manière inconditionnelle l’interprète.
♦ Notre Madeleine nationale
par Anne-Claire Gagnon
Depuis le 11 mars où elle a rendu son dernier souffle, elle qui pourtant n’en manquait pas, je rattrape le temps perdu en découvrant et dévorant les livres de Madeleine Chapsal. Née en 1925 dans la Haute-Couture – sa mère et surtout sa marraine, Madeleine Vionnet, en sont à l’origine – Madeleine s’affranchit du monde de l’élégance, tout en lui restant fidèle, et devient journaliste. À L’Express d’abord avec l’homme de sa vie, Jean-Jacques Servan-Schreiber, puis ailleurs en écrivant sur la psychanalyse, son amitié avec Françoise Dolto, ses amours avec plus jeune qu’elle (La maison de Jade, 700.000 exemplaires en 1986), ses compagnons de toujours (L’ami chien, Dans mon jardin). C’est dans son statut de « Femme sans » (enfant) qu’elle estime avoir puisé, dans la douleur, sa créativité. Mariée à 93 ans avec celui auprès de qui depuis 13 ans elle avait trouvé l’amour et la sérénité, de 16 ans son cadet, Madeleine Chapsal nous laisse une œuvre à son image, flamboyante, sans concession, où chacune d’entre nous peut se reconnaître et apprendre à devenir plus rayonnante. Merci Madeleine !
♦ Maud Sarda, une E-société pour tous
par Vicky Sommet
Je suis admirative des jeunes femmes qui créent des projets sortis de leur imaginaire et concrétisés par leur volonté de réussir dans une société qui ne leur fait pas toujours une place. Pour marier insertion et emploi, Maud Sarda a fondé la coopérative Label Emmaüs qui s’est donnée pour mission de former des personnes en situation d’exclusion aux métiers du e-commerce. Diplômée de l’Edhec, elle passe 5 ans chez Emmaüs et lance son projet car le E-commerce est aussi une des activités d’Emmaüs, ce qu’on sait peu. Membre du conseil d’administration de Mouvement Impact France (le mouvement des entrepreneurs sociaux), elle a fait partie des LinkedIn top voices 2022.
♦ Greta Gerwig renouvelle le cinéma américain à l’ère post #MeToo
par Michèle Robach
C’est elle qui le dit : « j’ai toujours eu un intérêt pour les personnages féminins et l’envie de décortiquer leurs relations quand les hommes sont absents ». C’est comme cela qu’elle va connaitre son premier succès avec le fim Frances Ha (2012) où elle capture naturellement le parfum de l’époque en incarnant la mue d’une jeune fille à la découverte du monde. Dès lors, elle s’impose à tout un pan du cinéma américain indépendant. Puis les succès s’enchainent. Le « Greta Gerwig film » est devenu un genre en soi, une manière de comédie existentielle empreinte de nonchalance fantaisiste. Avec la sortie des Filles du docteur March (2019), Greta Gerwig apparait comme la cinéaste de « l’émancipation féminine ». « Dans la plupart des films, les femmes existent pour être regardées. Parfois, elles aident un personnage masculin à devenir lui-même et servent de béquille. Sinon, il leur arrive souvent de mourir à la fin. » Dans Barbie, blockbuster planétaire qui a rapporté 1,5 milliards de dollars de recettes, elle met en scène un personnage comme elle, d’une féminité renversante, qui finit par s’affirmer et se débarrasser du patriarcat, par la force de ses convictions féministes et par la sororité.
Comme quoi, on peut s’habiller en rose, aimer les paillettes et devenir astronaute ou Président du jury au Festival de Cannes.