Ève Ruggieri, une conteuse née

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Née un 13, le bonheur est dans ses chromosomes. Ève a su nouer des relations professionnelles amicales et partager son amour pour la musique. Directrice de radio, elle m’a engagée avec ces mots, « Je vous donne le 14-18 le dimanche », j’ai ainsi fait mon entrée à France Inter.

Une jeunesse provinciale

Éduquée par une maitresse en privé, elle lit beaucoup avant d’intégrer un lycée de jeunes filles. De ces rencontres avec des héroïnes de fiction, elle pense avoir acquis le don de raconter. Formée au Conservatoire avant de quitter Limoges pour Nice, elle vit un véritable éblouissement. « Le rose Matisse sur les moulures des façades ocre à l’italienne… et le bleu dur de la Méditerranée, la polychromie des églises russes aux bulbes gonflés comme des citrouilles… Que pouvaient faire, face à cette débauche de sensualité, mes gris-noirs parsemés d’éclats de quartz de nos austères pierres limougeaudes ? » Puis, ce sera Paris et le métier d’assistante de production en attendant la future Maison de la Radio où nos chemins se sont rejoints.

Les feuilletons radio

Ève a pour mission de contacter les comédiens pour leur signifier leur engagement. « Je connaissais par cœur la plupart des numéros de téléphone de ces divinités », Geneviève Page, Delphine Seyrig, Emmanuelle Riva, Macha Méril et surtout Alain Cuny. Une première incursion dans le monde de la radio avec des contes fantastiques pour enfants dans l’Oreille en coin, des prestations louées par son preneur de sons. « Ton truc, c’est ce pouvoir que tu as de nous entrainer dans tes délires. Crois-moi, continue d’écrire, tu es une conteuse-née ». Encouragée aussi par son patron, « Je ne suis pas sûr que cette histoire d’un pacha amoureux d’une murène jalouse qui assassine la favorite de son harem soit destinée aux enfants mais tu as une drôle de voix. Elle plaira ou pas, mais elle ne laissera personne indifférent ».

Rencontres et responsabilités

Le lyrique comme la télévision lui font les yeux doux. Formée par Éliane Victor, elle apprend l’exercice de la diplomatie entre fous rires et désirs de meurtres. « Je me fiche de vos états d’âme ! Quand on dirige une équipe, on ne doute de rien. Qu’est-ce que vous préférez : virer quelqu’un qui travaille mal ou être virée parce que vous n’avez pas eu le courage de le faire ? ». France Inter lui confie Ève raconte où elle dévoile l’histoire de femmes célèbres et Pierre Desgraupes, PDG d’Antenne 2, lui propose une émission de musique classique. « Vous serez beaucoup moins connue, mais vous ferez ce pour quoi vous êtes faite et, un jour, vous me remercierez ». Karajan, Raimondi, Horowitz, Felicity Lott, Daniel Barenboïm, Renata Tebaldi ou La Callas répondront à ses questions érudites. Et Wagner, Wolfgang Wagner, qui, en lui montrant deux portraits, dit : « Mon grand-père Richard Wagner. Mon arrière-grand-père Franz Liszt. Comme disent les jeunes, ça calme ! »

Et de conclure en disant : « Je suis pleinement  consciente de la chance qui m’a tout au long de ma vie accompagnée, me permettant de vivre toutes mes passions et par-dessus tout, de les partager avec vous. »

Vicky Sommet

« Au cas où je mourrais » d’Ève Ruggieri aux éditions Flammarion (octobre 2023).

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