Féminine sous l’uniforme

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De son expérience d’un an et demi dans l’Armée de terre, Émilie Guillaumin a tiré une histoire. Entre Émilie et Emma, la frontière est mince. L’une est militaire, l’autre l’héroïne de « Féminine », un roman où la vérité le dispute à la fiction. Rencontre avec une passionnée de l’engagement.

S’inventer une vie

Dès le départ, elle s’est inventée une vie en Afgha, dans un Orient fantasmé, avec pour compagnon son Fama (fusil d’assaut). Mais la réalité est plus prosaïque, une préparation militaire, c’est un adjudant, ramper sous la pluie dans une glaise collante, une pause éclair pour « pisser, fumer, boire un coup et refumer » que vous soyez un homme ou une femme. Mais qu’allait-elle donc faire dans cette galère ? Passionnée, curieuse, Emma était en quête de renseignements et d’elle-même. Accueillie par un « Alors, comme ça on veut faire la guerre ? », il était trop tard pour reculer. Est venue la préparation en montagne, les marches, les chants, le cortège de fatigue, douleurs et les histoires racontées par le brigadier-chef où seul le côté anecdotique de la guerre transparaît, les rations dégueulasses plutôt que la sueur et la peur.

Aventure, honneur, patrie

Avec l’index hors de la détente, on se sent déjà la reine du monde, mais au premier coup de feu, ce sont les larmes qui jaillissent ! La violence à l’état pur, ce n’est pas inné. Difficile aussi d’imaginer l’ennemi alors qu’on troue de balles des silhouettes en carton. Puis vient l’exercice de nuit avec le réveil à deux heures du mat’.

« C’est là qu’on a tous réalisé ce que cela voulait dire être soldat. Surtout quand avec une truelle, on s’étale de la peinture verte, marron et noire sur le visage »

Pour être sur le pied de guerre sans jeu de mots cette fois. Ou plutôt le pas de rat : une marche à reculons, en balayant le sol derrière soi, jambe agile et pied prudent, comme si on voulait détecter un objet tombé par terre. Un joli pas de danse que l’armée française exécute sur les sols minés.

La mort et la vie

La mort, la militaire la tient à distance. Surtout qu’à côté de la guerre, il y a les guéguerres administratives, les querelles de pouvoir, l’alcool, les rires, les amourettes et les barrettes. Comme aurait dit le Général de Gaulle à un jeune gradé : « Vous n’êtes que Lieutenant ? Il va falloir apprendre à coudre ! ». Et si elle a signé pour 5 ans, un jour elle a ressenti le besoin de quitter l’armée et la France, sans s’empêcher, quand vient la nostalgie, d’écouter des airs militaires et pourquoi pas, de défiler dans son salon en cadence !

Vicky Sommet

Féminine – Émilie Guillaumin – Éditions Fayard – €20.

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