Femmes du vin

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Les femmes ont aujourd’hui toute leur place dans les métiers viticoles. Maîtres de chai, propriétaires ou cavistes, elles se sont hissées au premier rang de ceux qui cultivent, récoltent et fabriquent l’un de nos fleurons nationaux, le vin et ses grands crûs. Qui sont-elles ?

Quitter la ville, changer de vie

Caroline Missoffe et Anne Poniatowski au Mas de la Dame, cité par Nostradamus dans ses Prédictions et peint par Van Gogh, ont quitté leur métier de journalistes pour s’approprier cette région de Provence et s’intéresser au vin. « Les Parisiennes » comme on les appelle, ont tout appris, l’une est même Présidente de l’AOP Les Baux de Provence avec 11 domaines et l’autre maire de la commune des Baux. Dominique Hauvette a étudié la physique quantique et a éprouvé un vrai coup de foudre pour cette terre de Provence « À Val d’Isère, j’étais nourrie par le minerai, ici dans les Alpilles, je ressens l’énergie de la roche ». Diplômée d’œnologie, elle sait aujourd’hui greffer et pulvériser des tisanes de sauge et d’ortie pour éviter les maladies du raisin.

Reconnaître une bonne cuvée

Première femme reconnue « négociante de l’année », Jane Eyre, coiffeuse australienne de Melbourne, s’ennuie et vient faire les vendanges en France. Ce sera une révélation ! « Je buvais plutôt du gin tonic, je n’avais à l’époque jamais bu de Bourgogne. » Cours de vinification et stages la forment à savoir goûter le vin. Elle se met à son compte et, malgré les difficultés rencontrées dans ce monde fermé, elle fournit aujourd’hui de prestigieux restaurants étoilés. Autre étrangère, l’Anglaise Fiona Beeston, fascinée par les vins de Chinon, se lance et devient propriétaire d’un domaine qui date du XVème siècle pour développer des vins aux notes de cassis et de réglisse.

Le vin au naturel

Caroline Sourdais a converti le domaine de son père à la biodynamie à Chinon tout comme Martine Budé, décoratrice d’intérieur et buveuse de bière qui, originaire de Gand, découvre la fabrication du vin et pratique la culture naturelle. Angélique Léon a repris le domaine de ses parents et n’utilise aucun désherbant chimique. Clothilde Pain, fille de vigneron, décide de faire des vins de clos aux petits noms coquins, Secrets d’alcôve, Sans dessus sans dessous ou Prends-moi. Prisca Courtin et Joséphine Duffau-Lagarosse développent le Saint Émilion avec une agriculture réfléchie et luttent pour la biodiversité, agroforesterie, ruches, retour des chauves-souris et sources pour nettoyer les cuves. Quid des sommelières, Paz Levinson, née en Patagonie, diplômée de lettres est la lady of wine du restaurant Pic, Julie Cavil est cheffe de caves chez Krug, Carol Lombard à la tête de la plus petite coopérative indépendante et solidaire ou Valérie Guérin, jardinière de la vigne en Languedoc, après Sciences Po et le transport international, ou enfin, Juliette d’Assay qui a opté pour la viti-bio-permaculture dans la vallée de la Loire où les cochons arpentent les vignes.

Peut-on parler de vin féministe alors que le corps de la femme sert avant tout à décrire un vin, son bouquet, sa gorge, sa cuisse ou son parfum ? Là aussi les femmes font bouger les lignes et sont devenues de vraies dégustatrices de ce nectar en parlant de sa rondeur, de son arôme de bouche ou de son attaque moelleuse !

Vicky Sommet

EN SAVOIR PLUS
« Vigneronne, quitter Paris, changer de vie, créer son vin
» de Laure Gasparotto. Éd. Grasset

« Vigneronnes. 100 femmes qui font la différence dans les vignes de France » de Sandrine Goeyvaerts. Éd. Nouriturfu
« Femme de champagne » de Carol Duval-Leroy (Éd. Le Cherche Midi, octobre 2021).

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