Francesca Laubscher, l’Afrique dans la peau

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Des paysages d’Afrique du Sud aux hauteurs de la Butte Bergeyre, Francesca Laubscher a tissé des liens indéfectibles entre ses origines et son métier. Une vie professionnelle consacrée essentiellement à la création textile et qui aujourd’hui s’évade vers le travail de la maroquinerie.

Une enfance sud- africaine. Une fée bienveillante s’est penhée sur le berceau de Francesca Laubscher. Fille de deux artistes peintres -Erik Laubscher (sud-africain) et Claude Bouscharain (française)- elle fut baignée dès sa prime enfance dans un milieu d’une grande richesse intellectuelle. Dans sa maison natale du Cap, ouverte à tous, on y croise des artistes noirs, la poétesse Ingrid Jonker (souvent citée par Mandela), Breyten Breytenbach, André Brink ou de nombreux écrivains anti-apartheid. Ainsi, du haut de ses 13 ans, Francesca  s’exerce l’œil et l’esprit. Fascinée par les motifs et les couleurs des tissus, des tapis sud-africains, elle s’initie au tricot. Son goût pour le textile se dessine…

Le choix de la création textile. Difficile de s’émanciper artistiquement face à des parents au talent affirmé et reconnu. À 17 ans, Francesca ose enfin prendre des cours de dessin, en particulier sur modèle vivant, à l’école paternelle (première école d’art multiraciale d’Afrique du Sud). Puis, après un long voyage à travers l’Europe, âgée alors de 22 ans, elle intègre en tant que créatrice textile le Studio Lizzie Derriey, historique maison de tissu et papier peint, avant de devenir styliste aux Tissages de Gravigny. Spécialiste du tissu d’ameublement haut de gamme, cette belle entreprise d’alors travaillait pour des éditeurs tels que Pierre Frey ou Manuel Canovas. Ce dernier repérant son talent, la choisira comme assistante puis comme directrice artistique. Une fidèle collaboration longue de vingt ans.

La tentation de l’indépendance. Après ces enrichissantes expériences professionnelles qui lui ont permis de maîtriser parfaitement toute la chaîne de création et de fabrication de tissus, des processus de coloration et de faisabilité, Francesca aspire à prendre son envol et à produire ses propres modèles. Elle compte sur ses connaissances techniques et ses liens avec de nombreux fabricants pour cette nouvelle aventure. Elle-même l’avoue, elle fera sans doute preuve de naïveté et malgré des promesses de célèbres bureaux de style et un beau carnet d’adresses, cette entreprise en solo s’achèvera malheureusement en 2013.

Le retour aux racines. Une rencontre avec un homme d’affaires l’entraînera dans un nouveau défi, celui de créer, dans une véritable course contre la montre, une collection de meubles et de coussins pour assurer une présence au Salon Maison&Objet. La créatrice s’inspirera du lit de camp, évocateur du voyage et des ambiances africaines. En 2015, le regard de Francesca se tourne vers ses racines, vers l’Afrique du Sud où elle découvre la somptuosité des peaux de gazelles et de vaches Nguni*, utilisées traditionnellement dans la culture zoulou. Après sa longue expérience du tissu, c’est la qualité des peaux et leur potentiel créatif qui la fascinent, elle décide alors de lancer sa propre marque de maroquinerie, collection épurée et élégante, un poil bohème, de sacs, de ceintures et d’accessoires.

Luxe et éthique. Le vrai luxe se traduit, dit-elle, par la discrétion (le logo embossé ton sur ton), le détail (la doublure aux motifs typiques des robes des femmes sud-africaines), le toucher (aucun détail de coutures ou de finitions doit se sentir quand on passe la main à l’intérieur de son sac), la matière (chaque peau à son moucheté, sa coloration particulière choisie avec le plus grand soin).

Assise sous une toile signée de son père (élève de Fernand Léger), Francesca Laubscher passant sa main dans la douce et sensuelle épaisseur d’une « crête » de springbok, égrène avec passion les étapes de son parcours, révélatrices de sa capacité à relever chaque challenge. Origins en est un nouveau !

Christine Fleurot

Origins Francesca Laubscher
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*Produites en Afrique du Sud, toutes les peaux sont rigoureusement sélectionnées et proviennent d’espèces non protégées élevées principalement pour l’alimentation. Elles sont issues d’élevages de taille moyenne choisis pour leur approche raisonnée.

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