Jacqueline de Ribes, l’élégance faite femme       

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Comtesse stylée des années 60, Jacqueline de Ribes, mannequin, muse des photographes, a été l’héroïne d’un monde aujourd’hui englouti, celui des dîners en présence de ce que la planète comptait de célébrités, une noblesse en passe de disparaître dans des châteaux hantés où l’on dînait en smoking et robe longue.

La beauté en héritage

Grande, fine, élancée, le cou gracile d’un cygne, avec un visage d’ange, descendante de la Montespan et séductrice comme la Pompadour, elle est devenue une icône dont le visage a été projeté sur la façade de l’Empire State Building. Une vie où se mêlent les armoires avec 600 robes de grands couturiers, les coffres débordant de bijoux et les photos des plus grands comme Richard Avedon, Cecil Beaton, David Bailey ou Jean-Loup Sieff. Suite à une exposition au Metropolitan de New-York « Jacqueline de Ribes, The art of Style », on s’est aperçu qu’on ne connaissait rien de l’épouse ou de la mère de famille. Mais grâce à Dominique Bona, écrivaine et académicienne, spécialiste de portraits comme Clara Malraux, Berthe Morisot ou Camile Claudel, Jacqueline de Ribes dévoile sa vie et celle de l’aristocratie française.

« Le théâtre de soi »

Confrontée toute jeune à l‘élégance des femmes lors des soirées mondaines, la petite-fille est fascinée par une apparition, celle de sa grand-mère, une femme sublime qui décèdera peu après. Une disparition qui fera naître en elle l’idée que la beauté peut s’évanouir en un instant. Enfant solitaire et malheureuse, « Ma mère ne m’aimait pas », elle part en pension pour ne pas déranger et écrira « Votre petite pensionnaire abandonnée et cafardeuse ». Mais très vite Jacqueline devient une belle jeune femme, grande avec son 1,77m, et une rivale pour sa mère car elles partageront le même amant.

« Designer » sa vie

Quand elle reçoit Edouard et Wallis Simpson, la famille de son mari est choquée, même chose pour Liz Taylor et Richard Burton, il y a des choses qui ne se font pas ! On n’invitait jamais Coco Chanel car on ne recevait pas ses fournisseurs. Quand elle prend la main de son mari dans la rue, il s’écrie « Don’t be common » et comme elle n’a pas le droit de travailler, elle se lamente « J’étais murée vivante ». Elle part pour les États-Unis, est repérée par Diana Vreeland du Harper’s Bazaar et deviendra celle « so French » qu’il faut absolument imiter. « On ne nait pas élégante, on le devient » disait-elle, et comme la mode se démode, elle recherchait plutôt l’originalité. Elle ouvrira sa propre maison de couture, habillera Jackie Kennedy, étonnera enfin sa mère et créera des costumes pour les grands bals, elle-même déguisée en Folle de Chaillot.

Actrice d‘un monde disparu, toujours là à 91 ans, Jacqueline de Ribes s’est confiée à Dominique Bona, non pas pour que soit rédigée une biographie mais un récit authentique et fidèle de ce que fut son existence, une œuvre d’art en elle-même qu’elle a mis une vie entière à réaliser.

Vicky Sommet

« Divine Jacqueline » de Dominique Bona aux éditions Gallimard (avril 2021).

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