Laurence Benaïm, l’art de la mode

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« Je ne sais pas ce que je voulais faire plus tard, je sais juste que j’avais envie d’écrire ». C’est ainsi que Laurence Benaïm se définit. Écrire sur son époque était son mantra, mais en s’appuyant sur des références solides, d’où des études de lettres et de journalisme, jusqu’à devenir journaliste et romancière, experte reconnue dans la mode et l’art de vivre.

La mode, un thème de prédilection

Son intérêt pour la mode s’est construit au fil du temps car la mode n’était pas très à la mode en ce temps-là. Déjà, elle n’entrait pas dans les rubriques Culture mais était cantonnée aux pages féminines des journaux. Pour elle, les périodes sans mode remarquable seraient des moments où l’histoire des couleurs, l’histoire de la liberté, l’histoire de la parole s’interrompait, comme si l’histoire n’avait plus de lieu pour s’exprimer, la mode agissant comme un révélateur de la sensibilité du moment. Encore étudiante, avec comme professeur Frantz-Olivier Gisbert, Laurence Benaïm propose ses sujets à différents journaux en tant que pigiste puis, plus tard, attachée à des médias comme Le Monde, Le Figaro, le JDD, l’Express ou Vogue. Elle apporte des idées de papiers car elle n’aime pas trop travailler à la commande et surtout n’aime pas se pencher sur des sujets auxquels elle ne croit pas. « C’est pourquoi, j’ai toujours été ma propre boussole ! »

« Malgré ses représentations considérées comme frivoles ou sans intérêt, la mode m’apparaissait comme un marqueur de notre temps. Je l’ai ancrée dans l’histoire du goût, l’histoire des civilisations, l’histoire de l’art. »

La mode est faite « d’enchanteurs »

Avec un public à la hauteur du talent de ces créateurs, elle pense avoir eu la chance d’avoir connu des couturiers que tout le monde admirait, qu’on allait applaudir. « Ils faisaient partie d’un rêve de beauté alors qu’aujourd’hui, ce rêve s’est estompé au profit d’une compétition qui met davantage le public en avant que les créateurs, la preuve, c’est que le spectacle commence déjà en dehors de la salle des défilés. Cocteau disait que les artistes sont sur la scène mais que maintenant tout le monde veut être sur cette scène ! » Laurence Benaïm, au-delà des articles de journaux, écrit aussi des biographies, Saint-Laurent, Azzedine Alaïa ou Marie-Laure de Noailles

« C’est par l’imaginaire, la sensibilité, que je peux essayer de rejoindre leur monde, les raconter de l’intérieur. D’où mon besoin de parler de personnalités qui m’aimantent et me fascinent. »

Saint Laurent, le maître

Laurence Benaïm a passé presque six ans à écrire sa biographie¹, un récit réédité quatre fois, et a écrit cinq livres sur lui, un homme qui lui a rempli les yeux d’étoiles, l’a aidée à trouver son propre chemin et à qui elle doit énormément. « Grâce à lui, j’ai appris à savoir ce que j’aimais et au contraire à aimer ce que je ne connaissais pas encore, c’est quelqu’un qui m’a agrandi l’esprit et auquel je serai fidèle jusqu’au bout parce qu’il est toujours présent et extrêmement contemporain. Je pense très souvent à lui ». Avec une carte blanche pour mettre en place une exposition au Centre Pompidou², elle s’est immergée dans les collections de tableaux du musée pour créer des liens entre peintures et créations de couturiers, des robes qui ne viendraient pas les importuner mais qui leur rendraient visite, contentes de sortir de leur boîte, pour converser avec des inconnus qui deviendraient des amis.

« La mode n’est pas une idiote utile, elle est un art et la mise en forme d’une pensée artistique qui engage d’une manière totale le créateur. Ces robes sont des ambassadrices, les incarnations des couturiers, les messagers d’un vie nouvelle. »

Vicky Sommet

©YSL par Laurence Benaïm¹Yves Saint Laurent : Biographie (Grasset, ²La traversée des apparences – Quand la mode s’invite au Musée jusqu’au 24 avril 2024 au Centre Pompidou. Après « Yves Saint Laurent aux Musées » en 2022, le Centre Pompidou a invité Laurence Benaïm à poursuivre le dialogue entre art et mode en imaginant une conversation chromatique et conceptuelle entre des silhouettes de créateurs et des œuvres de la collection du Musée national d’art moderne.

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