Elsa Schiaparelli, prêtresse de la mode

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Elle a séduit Marlene Dietrich, Katharine Hepburn, Lauren Bacall. Elle est la définition même de l’audace et de l’extravagance. L’exposition au Musée des arts décoratifs de Paris nous fait redécouvrir cette grande dame de la couture, qui a révolutionné  le monde de la mode.

L’audace paie

Issue de la grande bourgeoisie romaine, Elsa débarque à Paris en 1922 en rupture de ban avec sa famille. Sa rencontre avec Gabrielle Picabia, la femme du peintre dada va lui permettre de fréquenter des artistes d’avant-garde. Mais c’est le couturier Paul Poiret qui lui donne l’envie de devenir styliste free-lance. Sa première idée de génie : un pull en maille tricoté main avec un motif en trompe-l’œil, représentant un grand nœud en forme de papillon sur le devant. Ce modèle va devenir un vêtement star après que Vogue l’ait qualifié de « chef d’œuvre ». Le mélange de Haute couture et de sportswear séduit les Américains. Dès lors, les collections s’enchainent et, en 1927, Schiaparelli s’installe rue de la Paix sous la marque « Schiaparelli – Pour le Sport ».

Un foisonnement créatif

Les artistes l’inspirent. En 1931, elle confie au décorateur Jean Dunand le soin de peindre un plissé en trompe l’œil, simulant les plis des tenues grecques antiques. Réalisé sur une robe du soir, il  renouvèle cette technique de  trompe-l’œil. C’est la première collaboration avec un artiste sur un vêtement. Elsa partage avec Dali le même goût du scandale et de la provocation. L’iconique « robe homard » créée par le tandem est portée par Wallis Simpson, duchesse de Windsor. Cela fera l’objet d’un article de huit pages dans Vogue. La Maison de Couture est devenue « Schiaparelli – Pour le Sport, Pour la Ville, Pour le Soir ». Après son déménagement place Vendôme, Elsa aura l’idée de découper les articles de presse célébrant sa réussite pour en faire un imprimé coupures de journaux. En 1934, elle devient la première femme créatrice de mode à faire la couverture du TIME.

©Les arts décoratifs- Christophe Dellière- Exposition Shocking ! Les mondes surréalistes d'Elsa Schiaparelli

Les complicités se multiplient

Giacometti va réaliser pour elle des bijoux : broches, bracelets et autres boutons représentant des personnages mythologiques, féminins ou animaliers. Elsa Triolet imagina des colliers que son compagnon Louis Aragon proposa à Schiaparelli. Le plus connu, photographié par Man Ray, le collier aspirine, est composé de perles de porcelaine semblables à des cachets d’aspirine. Dali lui dessine un poudrier en forme de cadran de téléphone.  Elle fait appel à son ami Jean-Michel Frank pour créer les flacons de sa première collection de parfums : un trio SalutSchiap et Soucis. 1937 est l’année du lancement du parfum shocking et de la couleur rose shocking, un pigment intense et vivant. Autre rencontre décisive, l’artiste suisse-allemande Meret Oppenheim propose à Schiaparelli le dessin d’un bracelet en fourrure. Ce fut une petite révolution dans l’accessoire de mode !

Après la fermeture en 1954, la maison de couture continue d’exister. Depuis 2019, le talentueux Daniel Roseberry en assure la direction artistique. Il a su former un trait d’union entre la haute couture et la pop culture, habillant Lady Gaga ou Beyoncé.¹ On retrouve le goût de sa fondatrice pour le décalage et la fantaisie et surtout du trompe-l’œil et de la magie.

Michèle Robach

¹Lady Gaga est habillée Schiaparelli pour chanter l’hymne national américain à la cérémonie d’investiture de Joe Biden en janvier 2021 et Beyoncé pour recevoir en mars 2021 son 28e Grammy Award (battant ainsi le record de récompenses pour une artiste féminine).

Shocking ! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli, Musée des Arts Décoratifs, jusqu’au 22 janvier 2023

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