Maryline Gynax Généro, Madame la Générale

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Entrée dans l’armée à 17 ans, elle a parcouru un long chemin après l’ouverture aux femmes des concours d’écoles d’officiers. Médecin militaire spécialisée en pneumologie, professeure agrégée de médecine aéronautique et spatiale, directrice de huit hôpitaux militaires, Maryline Gynax Généro postule pour devenir directrice centrale du Service de santé des armées.

Ce n’est pas gagné !

« Si vous êtes choisie, ce ne sera ni parce que vous êtes une femme, ni parce que vous appartenez à une minorité visible », ce sont les mots qui accueillent la postulante pour occuper un poste qu’elle obtiendra en 2017, première femme au Service central des armées après avoir craint de n’être qu’un alibi. « Mes parents m’ont appris que la meilleure façon d’échouer est de ne rien tenter. » Reçue parmi 30 filles face à 200 garçons, elle comprend que la féminisation est considérée sous l’angle des risques et non celui des bénéfices. Sommée d’éviter la tentation des relations amoureuses et de tomber enceinte, bizuté en montant sur une armoire pour soutenir le plafond et répondre au doux nom de « gromoluche », grosse, lubrique et chevaline, elle embrasse la vie militaire.

En France, seulement 9% des officiers généraux sont des femmes. Le taux de féminisation s’établit maintenant autour de 15%, près de 60% au Service de santé contre 10% dans l’armée de terre, 14% dans la Marine et 23% dans l’armée de l’air. La France se classe au 4ème rang mondial en termes de féminisation, loin derrière les forces israéliennes, hongroises et américaines.

La grande bosseuse

Elle entre en fac de médecine, les cours rythment ses journées et les révisions ses soirées, à tel point que son commandant la convoque. « On ne peut pas vivre sans manger ni dormir… je vous demande de lever le pied. » En stage à l’École des troupes aéroportées de Pau, Maryline se frotte au parachutisme et au fameux « roulé-boulé » pour atterrir au sol sans dommage, sanctionné par un coup de pelle sur la tête s’il est imparfait ! Elle sautera pour la première fois sans hésiter comme le prônait le Général Bigeard. « Le pas qui emmène le parachutiste au-delà de lui-même ». Ensuite, ce sera un stage dans la Marine où elle s’entendra dire par le Pacha : « À bord des bâtiments de la marine, les lapins sont des animaux détestés pour avoir provoqué de nombreux naufrages et la présence des femmes n’est, par tradition, pas non plus appréciée ». La situation a heureusement évolué depuis !

La médecin générale des armées

Médecin dans l’aéronautique, Maryline subit des remarques sexistes en radiologie. « Si vous cuisinez aussi bien que vous lisez les radiographies, vous devriez vous reconvertir à passer des serpillères. » Caisson d’altitude, tour en centrifugeuse, elle se familiarise avec « les illusions sensorielles ». Quand la guerre s’approche, elle se porte volontaire, malgré son mari, médecin lui aussi, et deux enfants, car au nom de quoi faudrait-il empêcher les femmes militaires de faire leur devoir ? La réponse n’a pas tardé. « Le jour où on enverra des femmes à la guerre, le Service de santé sera tombé bien bas. »

Entre virus Ebola et Covid 19, personnalités accueillies en secret pour des raisons politiques et blessés de guerre à l’étranger, défilés aux Champs-Élysées et Légion d’honneur, la vie de Maryline Gygax Généro a tout du parcours d’une combattante, toujours avec l’espoir que les choses évoluent pour les femmes. « Quelle que soit sa forme, l’engagement donne à la vie toute sa saveur ! »

Vicky Sommet

« Générale » de Maryline Gygax Généro aux éditions Fayard (février 2023).

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