Et maintenant, que vais-je faire ?

0

Si la retraite se profile à l’horizon, elle n’est pas comme cette ligne qui s’éloigne au fur et à mesure qu’on s’en approche. Elle arrive un jour, inéluctable. Espoir pour les uns, crainte pour les autres, c’est, dans tous les cas, une des ruptures les plus importantes de la vie.

S’il n’y avait qu’une vie, il n’y aurait qu’une retraite

Premier constat : impossible de parler d’une et même retraite pour tous. La vie personnelle et professionnelle qui la précède la conditionne en grande partie. Si vous avez exercé un métier physiquement usant, vous aspirerez à un repos bien mérité et la retraite sera pour vous une renaissance, alors que d’autres professions laisseront le loisir de choisir son rythme « d’inactivité ». Difficile donc d’établir des généralités.

Une certitude, cependant, on se retrouve devant une page blanche. Sans doute la première de sa vie. Avant c’est l’école, l’entreprise, la société qui apportent des réponses. Et soudainement : plus de modèle et une espérance de vie qui s’allonge. C’est à moi de choisir le reste de ma vie, de construire ma propre existence, d’apprivoiser ma liberté. Plus de contraintes horaires, plus de fonction sociale qui nous permet de nous définir. Pour certains, c’est le vide, la sidération, la peur de ne plus exister socialement. Et le couple, que va-t-il devenir, comment évoluer ensemble? Un vrai challenge!

Revenir à soi

La préparation indispensable de la retraite est avant tout une quête d’identité, une introspection. C’est le moment de se poser les bonnes questions en sortant des modèles pré établis : « Pour moi, qu’est-ce qui est important ? Une piste pour prendre la main sur sa vie future ? S’appuyer sur notre passé. Que me disaient mes parents quand j’étais petite ? À qui rêvais-je enfant ? Ai-je des regrets qui me pèsent ? Quelles sont les activités que je fais bien ? Aujourd’hui, qui ai-je envie d’être (et non « de faire ») ? » (Luce Janin-Devillars / Psychanaliste coach)

Sophie Muffang, psychologue spécialiste de la retraite, se refuse à apporter des solutions toutes faites à des réalités différentes. A l’occasion des stages de préparation à la retraite qu’elle organise, elle demande d’abord à chaque participant d’exprimer sa représentation de la retraite en 3 mots puis, de formuler, sur deux colonnes, des fondamentaux :

 « Qu’espérez-vous gagner ? Et que voulez-vous mettre en place pour réussir ? Que craignez-vous de perdre ? Faites le tri entre les vraies et les fausses peurs. »

Et le couple ?

Comment trouver sa place au milieu du « mille feuilles » de notre nouvelle vie, entre parents, enfants, petits-enfants, conjoint et activités à inventer? L’équilibre à trouver est périlleux. Pour le couple, le moment est crucial. Même de petits agacements peuvent devenir des zones de conflit.

Le couple doit être nourri pour que chacun puisse s’épanouir individuellement et ensemble. Il faut refaire un pacte sur les donnes de cette nouvelle vie, recréer une dynamique. Attention à la recrudescence des séparations à ce tournant de vie. Le passage à la retraite peut faire émerger des divergences qui étaient latentes dans le couple et qui apparaissent au grand jour parce que les cadres habituels ont disparu.

« Le repas du midi ! les hommes ont tendance à ritualiser leur quotidien pour se rassurer, parfois en y incluant leur femme. Attention : marque de vieillissement ! » Philippe Hofman, psychologue clinicien
« Il est important de garder un territoire pour chacun, un lieu en commun et un espace pour les tiers. » Sophie Muffang

Vademecum de ce grand pas vers l’inconnu : préparation, pragmatisme. On teste, on essaye des solutions, on se fait aider si nécessaire. À tous les âges, on peut avoir de belles surprises. Clin d’œil : pour les Espagnols, la retraite est la « jubilación », la joie !

Agnès Brunel-Averseng

La retraite en clair. Comment passer le cap ? de Sophie Muffang
Entre câlins et tempêtes, créer un couple durable d’Anne Sauzède-Lagarde et Jean-Paul Sauzède

L'article vous a plu ? Partagez le :

Les commentaires sont fermés.