Femmes du luxe

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« C’est une grande servitude qu’une grande carrière » a écrit Sénèque. Et c’est peut-être en suivant ce précepte que des femmes ont pris le pouvoir dans des domaines aussi variés que les arts, la littérature et, chose nouvelle, l’industrie du luxe car on peut aujourd’hui sans se tromper parler d’industrielles.

Femmes au pouvoir

Si on parle de mode, on évoque naturellement les femmes : mannequins, arpètes, spécialistes du flou ou assistantes des grands couturiers, les rênes du pouvoir ont changé de mains et elles se sont imposées ! Exit Saint Laurent, Lagerfeld, Dior ou Balenciaga, bienvenue à celles qui leur succèdent avec un leur propre talent, dessinatrice, directrice artistique, cheffes d’atelier, PDG ou CEO de maisons de couture. J’inscris ces professions au singulier car la révolution n’a pas encore complètement abouti mais elles sont légitimes à occuper ces postes de prestige, reconnues dans le monde entier puisque Paris tient encore la corde en matière de haute couture.

Les dirigeantes

Séverine Merle dirige Céline, est Présidente de la Chambre syndicale de la mode masculine et, du Bon Marché à LVMH, responsable de la publicité, directrice de la communication, des achats et des ventes, elle s’est vue confier la direction d’équipes importantes : « La confiance est un puissant moteur, j’essaie à mon tour de l’insuffler à tous ceux en qui je crois. » Sophie Brocart, directrice générale, est chargée de relancer Jean Patou qui fonda sa maison en 1912. C’est à lui que l’on doit la création des premières cravates de couturier, la parfumerie et son huile de Chaldée, considérée comme la première lotion solaire : « Jean Patou est un projet passionnant. Mais nous ne sommes qu’au début de cette aventure. »

Petits CV, grands esprits

Certaines ont fait de longues études, mais ce sont surtout l’expérience et la longévité qui les ont façonnées plutôt que les diplômes. Tenaces, entreprenantes, fidèles et travailleuses, ce sont les qualités principales qu’on leur reconnaît. La parité dans le milieu de la mode s’est installée progressivement, sans qu’il y ait eu besoin d’instaurer des quotas ou des percées de plafonds de verre, même si, à une époque, les financiers avaient la main et s’entouraient d’hommes de leur trempe. Elles arrivent doucement, auréolées de leur savoir-faire, de la constance dans leur trajectoire professionnelle, à l’image d’une Gabrielle Chanel, Elsa Schiaparelli ou Madame Grès qui m’avait reçue chez elle dans un appartement aux volets fermés pour que la lumière ne ternisse pas les couleurs des tentures et des robes accrochées partout…

Sylvie Ebel est la directrice du nouvel Institut français de la mode, une école pour former les créateurs de demain avec un enjeu, le développement durable et les nouvelles technologies : « La mode occupe plus que jamais une place essentielle dans l’économie et l’imaginaire collectif. » Toutes sont à même, parce qu’elles sont des femmes, de réfléchir à ce conseil de William Arthur Ward : « C’est impossible, dit la Fierté, C’est risqué, dit l’Expérience, C’est sans issue, dit la Raison. Essayons, murmure le Cœur. »

Vicky Sommet

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