À un cheveu près   

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Si la coiffure est l’apanage des femmes élégantes au même titre que leurs vêtements ou leurs chaussures, les députés français se sont emparés du problème de la discrimination capillaire au travail pour discuter d’une proposition de loi très sérieuse* afin de punir ceux qui ne la respecteraient pas. Une belle avancée pour toutes celles et ceux qui n’arrivent pas à dompter leur chevelure récalcitrante, que ce soient les femmes et les hommes afro-américains d’abord puisqu’une étude a démontré que deux tiers des femmes noires américaines changent de coiffure avant un entretien d’embauche. En Angleterre aussi, une loi protège maintenant les femmes car des chiffres sérieux ont pointé du doigt ces femmes blondes, une sur trois, qui se teindrait en brune pour avoir l’air plus sérieuse et accéder ainsi à des postes de haut niveau de responsabilités. On peut donc aisément imaginer la joie de ceux et celles, têtes frisées ou coiffures rasta, et aussi, à l’inverse, de ceux qui n’en ont plus du tout… Si le Parlement débat de choses graves la plupart du temps, cette question de l’apparence physique est déjà inscrite dans le Code pénal, sanctionnée de 45 000 € d’amende et de trois ans de prison. Si les États-Unis, pionniers en la matière capillaire, ont adopté dans de nombreux États des lois répressives sur la longueur ou la couleur des cheveux, reste au Parlement français à faire de même pour celles qui en bavent chaque matin pour se coiffer… Peut-être que certains messieurs apprécieraient aussi cette avancée de la législation qui leur ferait abandonner gel et gomina, histoire de gagner en respectabilité au travail et du temps avant de partir au bureau. Si les capilliculteurs (nom officiel du coiffeur) ont du souci à se faire, mais pas les « coiffeurs » (nom des remplaçants en championnat de football), les « merlans » (expression du XVIIIème siècle désignant les coiffeurs) vont pouvoir coiffer des cheveux dans leur état originel, sans crainte dorénavant de déplaire à leurs clientes !

Vicky Sommet

*Projet de loi du 12 septembre 2023 visant à reconnaître et à sanctionner la discrimination capillaire adopté le 28 mars 2024 par l’Assemblée Nationale.

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