Deux mondes

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♦Capharnaüm de Nadine Labaki (Prix du Jury du Festival de Cannes 2018)
par Marie-Hélène Cossé

On reste quelques instants immobile après le générique de fin, sous le choc de ce film déchirant mais inoubliable, où la réalisatrice libanaise filme, caméra au poing, la misère des enfants au coeur de Beyrouth. Zain, 12 ans, se retrouve au tribunal pour un acte de violence. Lui qui n’existe pas (il n’a pas été déclaré à l’état civil) attaque ses parents en justice pour lui avoir donné la vie. Son périple dans la ville dénonce sa réalité : la violence de la rue, les trafics d’enfants, les mariages forcés de fillettes, le commerce des marchands de sommeil, l’économie parallèle des sans-papiers. « Que savez-vous de la misère !? » demande la mère de Zain à l’avocate de son fils. Une question choc qui demeure sans réponse… Pas une fois pendant les deux heures de film un sourire n’apparait sur la figure sale et désespérée de l’enfant. Sauf à l’ultime plan où il pose pour sa photo de passeport (une jolie fin dans la vraie vie aussi puisque le jeune Zain a effectivement pu s’en sortir) !

« L’enfance mal aimée est à la base du mal dans le monde »  Nadine Labaki

Dilili à Paris de Michel Ocelot
par Anne-Marie Chust

C’est un vrai bonheur que ce film d’animation ! Allez-y, avec ou sans enfants. Dilili est une héroïne adorable, facétieuse et volontaire, venant de Kanaquie, au français châtié et à la parfaite éducation (il faut dire qu’elle a eu Louise Michel, la grande féministe et militante, comme enseignante lorsque celle-ci était au bagne, déportée là-bas après la Commune…). Elle rencontrera Orel, livreur de son état, très charmant, qui la transportera dans le Paris de la belle époque, merveilleusement photographié et reconstitué. Ils résoudront ensemble une épouvantable affaire d’enlèvement de femmes et petites filles par l’odieuse secte des « mâles-maîtres » les obligeant à vivre à quatre pattes (toute référence à des sociétés existantes n’est pas pure coïncidence). Dilili croisera dans sa quête de vérité des hommes et surtout des femmes extraordinaires (Marie Curie, Sarah Bernhardt, Emma Calvé…). Un délicieux moment !

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