Non, Dora Maar, ne fut pas que l’amante et la Femme qui pleure de Picasso. Le Centre Pompidou qui présente la première grande rétrospective de l’artiste met d’ailleurs en sourdine cette liaison préférant à juste titre insister sur l’étrangeté et la singularité de son travail. Elle fera ses études à l’École des arts appliqués pour femmes, autrement appelée « Comité des dames », puis à l’École technique de photographie et de cinématographie de la Ville de Paris. Dès les années 30, la jeune femme collabore auprès de magazines de mode et réalise des publicités. Elle s’exerce à la photographie érotique, au portrait dont ceux de ses nombreux amis du monde artistique et littéraire (Nusch Éluard, Marie-Laure de Noailles…). Sa rencontre avec les Surréalistes l’amènera à la photo de rue plus engagée et politique (Londres, Paris, Barcelone…) et plus tard à l’art du photomontage où elle exprimera tout son sens de l’absurde et de la bizarrerie.
De Breton à Picasso, il n’y a qu’un pas. Sa liaison avec ce dernier l’autorisera enfin à troquer son appareil photo contre des pinceaux. Dora Maar est celle « qui a toutes les images dans son jeu », comme l’écrivait dans une dédicace son ami, Paul Éluard.
Christine Fleurot
Dora Maar – Centre Pompidou – Galerie 2 – Jusqu’au 29 juillet 2019
Crédit : Brassaï – Dora Maar dans son atelier rue de Savoie – 1943 – Épreuve gélatino-argentique – 30 x 23 cm – Musée national Picasso © Adagp, Paris 2019 © Estate Brassaï – RMN-Grand Palais.