Dans son premier roman, Vicky Sommet évoque ses amours, des amours dont elle ne sait pas très bien si elles sont imaginaires et qui ont pour moteur le regard. Son récit est une sorte de ballon d’essai entre rêve et réalité plein de pudeur, vif et prometteur. C’est la couleur de ses yeux, « eaux de vaisselle », comme elle les définit pour obtenir son passeport, qui ont attiré le regard de Paul et plus tard celui de Frantz. Le regard permet de déceler la beauté d’une œuvre artistique. C’est à travers lui que passent les sentiments, les émotions, l’imagination…
Beaucoup de personnages ont trouvé une attache dans le 10ème arrondissement. Ainsi en est-il d’Eva, la mère de Vicky, dont il est largement question ici. Eva est une juive allemande qui connaît le Camp des Milles dans les Bouches du Rhône en 1939. Elle vit des amours tumultueuses auprès de Richard, puis d’André qu’elle épouse pour porter son nom. Et qu’elle abandonne, ainsi que leur fille, après avoir retrouvé son premier et unique amour, Richard.
Si le regard, la peinture et la littérature sont indissociables, de l’amour qu’en est-il ? Ici c’est une illusion. L’illusion d’une rêveuse éveillée, le résultat d’une idéalisation, le fait de quelqu’un qui cherche l’impossible, peut-être marquée par l’abandon de sa mère.
Isabelle Brisson
Rue des Petites Ecuries, Editions Muse, mai 2019.
Après avoir été formée à l’École d’Interprètes de l’Université de Genève, Vicky Sommet est devenue productrice et journaliste de radio et a terminé sa carrière comme directrice des relations internationales à RFI. Aujourd’hui, elle organise et modère des débats de société pour des mécènes privés, collabore activement à Mid&Plus dont elle est associée et se consacre à des sujets plus philosophiques.