Berlinomania

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Berlin est une des capitales artistiques européennes. Avec plus de cent cinquante musées, le Musée juif, le Mémorial aux victimes de l’Holocauste, le Musée du Papier, le Musée de l’espionnage ou la nouvelle Nationalgalerie, si la ville préserve sa mémoire, elle a donné une place prépondérante à l’art contemporain du XXIe siècle.

Des raisons multiples

D’abord, les prix bas des loyers et l’effervescence d’une jeune génération avide de nouveautés et d’expressions artistiques qui leur ressemblent. À tel point que Berlin compterait environ 20 000 artistes indépendants et pas moins de 400 galeries d’art qui ont pignon sur rue ou dans des lieux transformés, un bateau, une église abandonnée, un bunker ou des appartements faisant office de galeries, ouverts à un public choisi. Un conseil : osez déambuler dans les rues comme celles du « quartier des granges » ou Scheunenviertel, anciennement les bas-fonds des ouvriers et artisans, devenu un quartier tendance où il ne faut pas hésiter à entrer dans les arrière-cours qui réservent bien des surprises.

Berlin et son histoire

Les Alliés partagèrent Berlin lors de la conférence de Yalta en quatre zones, la France au Nord-Ouest, l’Angleterre à l’Ouest et les USA au Sud-Ouest, la partie Est restant soviétique. Les tensions entre les puissances présentes conduisirent à une « Guerre froide » et Berlin devint le micro-terrain sur lequel se déroulaient des combats silencieux. En 1957, lors de l’exposition internationale d’Architecture, des architectes de renommée mondiale présentèrent des projets pour une ville réhabilitée, Le Corbusier, Oscar Niemeyer ou Walter Gropius. Reste aujourd’hui à visiter, le musée de dessins d’architecture créé par un des auteurs du Berlin moderne, Tchoban, installé dans un bâtiment très novateur. L’histoire est omniprésente aussi dans la rue avec des pavés dorés, « ces pierres branlantes » qui commémorent l’exécution de juifs berlinois insérés devant chaque entrée d’immeuble où ont été tués leurs habitants, adultes et enfants. Pour ne pas oublier…

Les traces du passé

Trois pans du mur sur la Potsdamer Platz nous rafraîchissent la mémoire ainsi qu’une exposition à ciel ouvert à Checkpoint Charlie, point de passage entre les secteurs soviétique et américain, rendu célèbre par les romans d’espionnage. Et l’East Side Gallery, couvert d’œuvres d’artistes du monde entier, un long fragment du Mur qui longe la Mühlenstrasse, un souvenir dégradé par le temps, mais où les graffeurs ont pu s’exprimer. Et dans un bunker trop difficile à détruire, s’est installée la Collection Feuerle qui présente de l’art asiatique avec une scénographie des plus originales : plongés d’abord dans un noir complet, bercés par des notes de piano pendant trois minutes avant de sortir dans une immense salle plongée dans les ténèbres avec des projecteurs éclairant chaque petite statue ou pièce de mobilier. Un moment magique !

Et, pour ne pas vous perdre en marchant, vous pouvez toujours suivre la ligne de briques qui vous indique l’ancienne ligne de démarcation entre Est et Ouest, en espérant qu’un jour peut-être, usée par le temps, elle disparaitra pour présenter le visage d’un Berlin réunifié.

Vicky Sommet

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