La communication, un bel outil de pacification

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Nous avons tous des expériences de relations avec les autres qui ont dégénéré en conflit alors que nous souhaitions créer un moment de dialogue et c’est l’inverse qui s’est produit, parfois même sans qu’on ne s’en rende compte. Qui n’a pas envie de mieux vivre ses relations avec les autres que ce soit dans son couple, avec ses amis, ses enfants ou au sein de l’entreprise ? Les effets d’une communication pacifiée ouvrent des perspectives immenses pour le monde de demain !

« Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis vraiment, ce que vous avez envie d’entendre, ce que vous croyez entendre, ce que vous entendez, ce que vous avez envie de comprendre, ce que vous croyez comprendre, ce que vous comprenez, il y a dix possibilités qu’on ait des difficultés à communiquer. Mais essayons quand même… » Bernard Werber

La communication d’ouverture

Pour éviter les situations conflictuelles, Marshall Rosenberg¹ nous propose de clarifier ce que nous voulons exactement, en allant identifier nos propres sentiments et rechercher le besoin derrière la demande que nous formulons. Par exemple, plutôt que de dire « tu m’énerves, tu ne comprends jamais rien à ce que je dis. », disons plutôt « je me sens énervée car j’ai besoin d’être comprise dans ce que je vis en ce moment. ». En effet, nous avons plus de chance d’obtenir ce que nous voulons si nous enlevons la critique et le jugement lorsque nous nous exprimons. « Revenons toujours vers nous-même en ayant conscience que l’autre n’est pas la cause de ce que nous ressentons, mais que c’est notre besoin qui génère l’émotion qui se présente. »² Si j’ai besoin d’affection, j’aurais tendance à critiquer mon interlocuteur en disant qu’il est distant et insensible, alors que je pourrais clarifier en disant par exemple « je me sens seule parce que j’ai besoin de partage, de tendresse, de réciprocité ».

« Respect, compréhension, acceptation, appréciation et compassion, si nous nous imprégnons de ces cinq piliers fondamentaux, nous aurons plus de chance d’intégrer la non-violence dans notre quotidien et d’avoir une vie plus sereine et authentique.»²

Avec les enfants

Bonne nouvelle, c’est beaucoup plus simple qu’avec les adultes ! Ils ne sont pas encore conditionnés, s’adaptent plus facilement et peuvent changer. Ce qui marche ? « Quand l’adulte se met dans leur peau. Attention cependant, il y a des choses qu’ils peuvent comprendre et d’autres non et quand ils sont petits on n’a pas d’autre choix que de répéter souvent. Suivant l’âge, le cerveau n’est pas encore formé comme celui d’un adulte. On pense parfois qu’ils font exprès d’avoir oublié, mais non, ils n’ont pas la même façon de penser, ils sont dans le présent, donc il est préférable de faire des rappels plutôt que s’énerver, ce qui est contreproductif. »²  La règle n°1 ? Leur apprendre à exprimer leurs émotions quand quelque chose survient. « Comment te sens-tu ? », « Est-ce que tu as peur ?», « Aurais-tu besoin d’être rassuré ? », « Qu’aimerais-tu changer ? », l’idée étant d’amener l’enfant à entrer dans un dialogue pour clarifier ce qui se passe en lui. Ce que nous appelons « conflit » n’en est pas forcément un pour lui, mais juste une situation du quotidien. Une piste vers la fin du harcèlement scolaire ? Pourquoi pas !

Bon à savoir : « Souvent les enfants disent des choses que les adultes interprètent comme étant une demande, alors qu’exprimer un ressenti n’est pas forcément une demande, mais juste l’expression du plaisir que l’autre soit là et écoute. »²

Dans son couple

Plus on est proche, plus on pense qu’on connait l’autre, or, une personne n’est pas un objet, elle n’est pas figée, les émotions et les besoins changent. Exprimer une émotion ou un besoin, c’est une indication pour l’autre, cela lui permet de situer où on se trouve. « Dans notre tête, on pense souvent que recevoir une demande c’est lourd et pesant. Mais non ! Si on vous fait une demande, c’est que l’autre pense que vous pouvez enrichir sa vie. C’est un vrai cadeau que de pouvoir contribuer au bonheur de l’autre ! »² Mais pour ce faire, il faut formuler une vraie demande et non une exigence. Quelle est la différence ? Une demande est une question ouverte à la réponse de l’autre que ce soit un oui ou un non, on est dans un dialogue. Une exigence masquée en demande, c’est inconsciemment : « dis-moi oui ou bien je fais la tête ». Or la prochaine fois, l’autre n’aura pas envie d’entendre votre demande, ou alors il aura perdu confiance et dira oui pour être gentil.

Si vous souhaitez faire le point avec votre conjoint, vous pouvez utiliser la pratique du renouveau en quatre étapes créée par Thich Nhat Hanh. Commencer par remercier l’autre pour tout ce qui va. Exprimer ses regrets pour toutes les blessures que nous avons pu lui causer en parole ou en action. Exprimer en quoi l’autre a pu nous blesser, partager notre vulnérabilité. Enfin exprimer à l’autre comment il peut nous aider, nous offrir sa compréhension et son support. Tout cela, bien sûr, en respectant la règle du bâton de parole : on n’interrompt pas l’autre tant qu’il parle !

Dans l’entreprise

C’est un peu différent, on va plutôt en dire moins que plus… Tout dépend bien sûr du niveau de relation, N+1, N-1 ou même rang hiérarchique. « On examine la situation, on voit le degré d’ouverture de la personne et on ne parle pas forcément de CNV au risque de créer de la distance avec tout le monde ! »² Au lieu de dire « je me sens frustré, etc. » ou d’employer le « tu qui tues », il convient d’identifier ses besoins dans une situation donnée et de les exprimer, car ce qui est important pour soi ne l’est peut-être pas pour l’autre. Par exemple, propreté, efficacité, structure pour certains, résonance, humanité pour d’autres. « Et si on s’exerce à identifier et exprimer ses besoins en silence dans sa tête, on apprend vite. Pourquoi pas en marchant dans la rue ? On identifie dans des situations données ce qui est inconfortable ou confortable, agréable ou désagréable, plaisant ou déplaisant pour soi. »²

Bon à savoir : Le pouvoir est toujours chez vous ! Tant que la personne en face de vous n’a pas senti qu’elle était entendue et comprise, elle n’écoutera rien. En attendant qu’elle soit en mesure de vous entendre, il convient de pratiquer l’écoute empathique. Ceci est valable avec un enfant, votre conjoint, des amis ou des collègues.

Le rapport à l’autorité a changé que ce soit dans l’éducation ou dans l’entreprise. Les relations entre les femmes et les hommes ont évolué. La CNV, outil extrêmement simple dans son principe, mais très puissant, peut aider à améliorer radicalement nos rapports avec les autres et à les pacifier. Une communication de qualité est aujourd’hui un des savoirs les plus précieux. Une clé vers la paix ?

Marie-Hélène Cossé

¹La Communication NonViolente, développée dans les années 1960 par Marshall Rosenberg, psychologue clinicien et collaborateur de Carl Rogers, propose une compréhension du fonctionnement de l’être humain et de ce qui contribue à son épanouissement et de ce qui suscite de la violence.
²Phoun-keo Phayvong, formatrice en Open Up Communication.

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