Bien qu’elles affectent une partie non négligeable de la population, hommes et femmes confondus, les fuites urinaires restent un vrai tabou au sein de notre société… Non seulement on n’ose pas le partager en famille ou dans la sphère publique, mais encore une personne sur deux n’aborde pas le sujet avec son médecin.
Tout pourrait être plus simple. En effet, à une époque où nous recevons de nombreuses injonctions média et sanitaires pour avoir un corps en forme, les fuites urinaires sont associées plus que jamais à la disparition de contrôle du corps (gériatrie et dégénérescence…) et renvoient à une image altérée (on se sent vieux et sale…). Elles apparaissent comme un handicap dans la vie sociale et amicale (on hésite à aller au restaurant, au cinéma ou à encore à voyager) ou professionnelle (comment tenir dans une longue réunion…), dans la vie de couple (notamment sexuelle, sans parler du sommeil) et familiale, un frein aux activités physiques ou sportives (bouger, danser, courir, sauter, rire…). Et pourtant, tout pourrait être plus simple.
Qui est concerné ? Un personne sur deux a déjà connu une fuite urinaire, dont 68% de femmes (34% souvent ou parfois) quelque soit leurs origines et leur âge. Les personnes interrogées admettent une souffrance psychologique forte (6,7 sur une échelle de 10). Passée la cinquantaine les symptômes sont plus envahissants (la carence œstrogénique réveille généralement le problème et le démasque…), il est donc très important de muscler son périnée au moment de la ménopause. L’hérédité joue un rôle. Il existe des familles et des professions à risque. En revanche, aucun corps n’est semblable et le fait d’avoir eu ou non des enfants, beaucoup, des gros bébés ou non, n’est pas significatif. Il existe en revanche des facteurs aggravant, notamment le tabagisme ou la constipation (25% des femmes). Les personnes fragiles sont plus touchées : grandes sportives, personnes en surpoids, femmes toussant souvent.
L’idée fausse la plus répandue est que l’incontinence urinaire est une maladie réservée aux vieux ! Certes 64% des personnes touchées ont 55 ans et plus, mais les plus jeunes ne sont pas épargnées : 28% des 18-24 ans, 40% des 25-34 ans.
Il existe deux sortes d’incontinence :
– L’hyperactivité vésicale. Il s’agit de l’envie soudaine, pressante et non maîtrisable, bien souvent associée à l’augmentation du nombre de mixions de petit volume. Elle peut être liée au froid, au lavage des mains à l’eau, au stress ou aux émotions. En France, on parle du syndrome de la clé dans la porte (aux États-Unis du syndrome du garage…). Cette hyperactivité peut être le témoin d’une maladie de la vessie ou d’une infection urinaire (cystite) ou bien même d’une tumeur à la vessie. Elle doit donc être signalée à son médecin traitant ou son gynécologue pour vérifier s’il y a une maladie à traiter.
– L’incontinence d’effort. Il peut s’agir de femmes jeunes, actives et dynamiques qui pratiquent danse ou gymnastique et qui lorsqu’elles toussent, par exemple, ou dansent dans un mariage (typique paraît-il…) connaissent une fuite urinaire. Il s’agit dans ce cas d’une faiblesse globale du périnée. Plus on est musclé, plus on est rigide et plus ça pousse sur le plancher périnéal. Il peut aussi s’agir de femmes plus âgées assises dans leur canapé et qui en se levant connaissant ce genre de désagrément. Là aussi, il s’agit d’une faiblesse globale du plancher pelvien pour laquelle la chirurgie ne s’impose pas toujours (les femmes opérées le sont en moyenne à 50,6 ans). Pour ce type d’incontinence, renforcer le périnée est donc la réponse appropriée.
Les femmes sont mal informées. Il faut savoir que le plancher pelvien soutient la vessie, l’utérus et le rectum. Quand on contracte les muscles du grand fessier par exemple on contracte le périnée. Une bonne hygiène de vie, associée à une rééducation comportementale ou à des exercices faciles à faire pour muscler le périnée ou le faire travailler après la ménopause (debout dans une file d’attente ou dans les transports par exemple…) suffiraient à éviter beaucoup de désagréments. Mais il apparaît que les femmes touchées par le phénomène cherchent des remèdes plutôt que des causes et que la plupart ont très probablement développé des « moyens » et des « trucs » leur permettant d’éviter d’être confrontées à des situations déplaisantes, alors qu’il existe des remèdes si on accepte d’en parler et de lever le tabou.
Les remèdes. Ceux qui existent aujourd’hui sont d’abord et avant tout la rééducation du périnée ou l’utilisation d’un appareil électrique pour renforcer le plancher pelvien (on envoie des micro-impulsions par sondes internes), dans certains cas le suivi d’un traitement médicamenteux ou encore l’appel à la chirurgie (et pour certaines hélas… ne rien faire avec le recours aux protections absorbantes). Il existe aussi l’acupuncture (aiguille dans le nerf tibial postérieur).
Un nouvel outil de rééducation et de prévention vient de sortir sur le marché français et européen. Il s’agit de cuissardes (les panties de notre adolescence…) que l’on place sur le haut des cuisses et des fessiers : 8 électrodes envoient des courants multi-directionnels et stimulent tous les muscles du plancher pelvien. Le laboratoire à l’origine du lancement de Femifree*, après trois ans d’études, affirme qu’une amélioration significative (93%) est notée après 4 semaines d’utilisation (30 minutes par jour, 5 jours par semaine), debout ou allongée. Le traitement peut être, suivant les cas, curatif ou préventif (faire des cures de temps à autre par exemple pour restimuler ou entretenir). Il ne s’agit en aucun cas d’un outil qui remplace la rééducation avec un kiné ou une sage-femme, mais plutôt d’un moyen complémentaire permettant d’être chez soi et de ne pas connaître les inconvénients des sondes internes.
Vous l’aurez compris, les fuites urinaires, si on veut bien lever l’interdit et en parler à son médecin traitant ou à un spécialiste (gynéco ou urologue) sont soignables, d’autant qu’elles ne sont finalement qu’un symptôme, symptôme pouvant en revanche déboucher sur l’incontinence, réel dysfonctionnement pour lequel un vrai travail médical est à envisager. Alors pour celles qui sont concernées, osez lever le tabou et en avant le fitness périnéal.
Marie-Hélène Cossé
*Femifree €399. Prescrit par corps médical, remboursé par la SS. Trois tailles S/M/L. En vente en pharmacie ou sur le site http://www.femifree.com/