Emmanuelle Piet, à l’écoute des femmes

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Emmanuelle Piet n’a ni sa langue ni son poing dans sa poche. C’est une femme d’action, médecin, qui très tôt s’est engagée dans des combats de femmes.

De la libération à l’asservissement, les effets de la contraception

Elle fait ses études de médecine en 68 et, dès cette époque, s’implique pour le droit des femmes, notamment « celui de s’éclater normalement », donc de disposer facilement d’une contraception et de pouvoir avoir recours à l’avortement, en cas de besoin. En 1975, elle participe aux combats pour obtenir la légalisation de l’avortement et, parce qu’elle est médecin de protection maternelle et infantile en Seine Saint Denis, elle entend ce que les femmes disent de la servitude qu’est devenue rapidement la pilule (prise à l’époque chaque jour à heure fixe) et des angoisses médicales. Elle perçoit aussi les non-dits, les dénis.

Écouter et croire les femmes pour agir avec elles

Avec 50 ans d’avance, Emmanuelle Piet s’est mise à poser des questions aux femmes qu’elle voyait sur leur vécu, leur sexualité, avec des réponses très différentes, certaines partageant très vite des traumas ou viols, d’autres mettant 2, 3 ou plusieurs consultations pour s’épancher. Malheureusement, à l’époque, elle ne savait où orienter ces femmes victimes de violences. Elle a dû les prendre en charge. Elle en parle alors à ses collègues, démarre des actions de prévention des agressions sexuelles et de la maltraitance à l’encontre des enfants, des mutilations sexuelles féminines, des mariages forcés. Elle contribue à la promotion du questionnement systématique.

« À écouter les femmes victimes nous avons compris les stratégies des agresseurs. Et nous avons aussi appris que beaucoup ne parlaient que des années après les faits… comme cette femme qui a attendu ses 80 ans pour s’autoriser à raconter les violences qu’elle avait subies à l’âge de 4 ans. »

En 1985, le Collectif Féministe contre le Viol (CFCV) est créé. Très rapidement, le 8 mars 1986, avec l’appui financier du Ministère des Droits des Femmes, le CFCV ouvre la permanence téléphonique nationale, gratuite « Viols-Femmes-Informations », une première. Quand, en 1992, on lui propose de devenir présidente de CFCV, elle craint de n’être qu’une potiche. Et c’est tout le contraire qui se produit, puisqu’elle devient une leader qui inspire toutes les générations.

Les enfants et les femmes, d’abord et encore !

L’inceste est malheureusement très fréquent et depuis la création de la CIIVISE, la ligne téléphonique a été élargie pour accueillir la parole des hommes ayant été violés enfants. Le CFCV met en place des groupes de paroles, car il est essentiel d’entendre les témoignages et surtout de croire les femmes.

« Écoutez-les, croyez-les ! »

Emmanuelle Piet a lancé des campagnes de prévention des agressions sexuelles dans les écoles, de la maternelle au CM2, allant parler dans les classes, avec au moins un signalement à chaque fois. Dépister les enfants est une véritable nécessité qui exige une politique de prévention, donc du courage. C’est aussi le rôle de chacune et chacun d’entre nous de voir et entendre ce qu’un enfant dit, et d’agir. Nous pouvons toutes et tous être à notre niveau des Emmanuelle Piet, osons !

Anne-Claire Gagnon

Association CFCV – Tél. 0 800 05 95 95.

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