Le courage des femmes

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Le courage des femmes, c’est la rage de tenir le coup. Sur un mur à la Fac de Pau : « Ceux qui vivent sont ceux qui luttent ». Celles aussi. Les femmes sont simplement héroïques. Justement héroïques. Continûment héroïques. Au quotidien.

Le don dans la peau

Les femmes sont des béliers qui foncent et trouent les murs des fatalismes. Elles font voler en éclats les certitudes. Elles donnent, elles donnent, elles pardonnent. Dans le don, la femme est la reine-mère, c’est la plus belle, c’est la plus forte, la plus intelligente, elle est « Miss univers-don » et elle réussit à ne pas le montrer, à ne pas pavaner. Elle a le don dans la peau, pas de veines, que des artères qui vont droit au coeur. Et le font grossir. Le coeur déborde, vient sur la main, la paume tournée vers le ciel. Si l’on mettait au CAC 40, le cours de l’action du « don » chez la femme, il y aurait des traders sur le coup, des ordinateurs qui crépitent et des investisseurs au sourire satisfait. Imaginez une action qui ne baisse jamais et surtout qui ne baisse jamais les bras !

L’éthique de leurs gênes

Si l’on mettait bout à bout toutes les actions faites par des femmes depuis la nuit des temps, depuis la guerre du feu jusqu’au départ de Claudie Haigneré dans l’espace, en passant par Éléonore d’Aquitaine, Simone de Beauvoir, Duras, Colette, Chanel, Alexandra David-Néel, Catherine II de Russie, femme résistante… Simone Veil, toutes les suffragettes, toutes les écrivaines, philosophes, artistes, créatrices dans tous les arts, les religieuses, les médecins, les chercheuses, les ouvrières, les couturières, les artisanes, toutes les femmes qui vont le matin à l’usine ou ailleurs, qui se coltinent le quotidien pour 1 200 euros brut et parfois beaucoup beaucoup moins. Et elles continuent, en criant, en gueulant, en râlant. Et elles sourient, et elles vivent, et elles marchent, les enfants dans le dos, sur les bras, dans les pensées… Elles marchent en avenir. C’est comme ça, c’est génétique, c’est-à-dire que c’est l’éthique de leurs gênes. Originellement.

« Tomber sept fois, se relever huit »

Question, est-ce que la première amibe avait une cellule féministe ? Je suis profondément féministe et je le serai jusqu’au grand départ… Je tiens cela de ma mère (et, qui sait, de mon père) et de mes années toulousaines, mes années « bazar » où j’ai maintes fois discuté, écouté la parole des femmes, manifesté pour qu’on l’entende. Enfin ! Soyons fières ! Dans ce mot il y a se fier, faire confiance, défier, il y a des défis qui sont au jour le jour, à la minute. Le temps du défi n’a pas d’heure, il est juste ce mouvement : tomber sept fois, se relever huit ! Non seulement les jeunes filles, les femmes, les épouses, les mères, les grands-mères, se relèvent mais relèvent des défis et avancent, les pieds dans la boue parfois, le regard vers le ciel, les larmes au bord des yeux et la main qui serre une autre main.

Les femmes sont des fleuves, elles ont des courants, des lits, des estuaires, des deltas, des bras, des rives et se jettent dans les mers du monde. Vous pouvez entendre le mot « mère » si vous le souhaitez. De toute façon, elles sont immenses et magnifiques et seuls les océans peuvent les accueillir. Elles ont l’infini pour horizon et naviguent droit devant.

Naviguer est nécessaire

Il y a une très belle chanson brésilienne qui s’appelle « Vivre n’est pas nécessaire mais naviguer est nécessaire ». Le vent, les cyclones, les tempêtes, les femmes connaissent, elles en ont éprouvé toutes les violences. Celles des vagues à l’âme, des eaux troubles, des abimes profonds, des calmes plats, des solitudes par temps de guerres, par temps de paix. Ces solitudes où le père, l’amant, le mari partis et les enfants sont là. Elles donnent l’amour pour deux, pour trois, pour bien plus. Elles ne font pas d’histoires avec ça. Elles disent « c’est normal… ». Elles ont le courage de dire cela avec un sourire discret, même s’il est un peu fatigué.

Les femmes sont lucides et on le sait depuis René Char, « la lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil ». Elle peut brûler. Cette lucidité fait mal. Le temps emporte les âmes. Celles des femmes ont l’éternité pour compagne.

Brigitte Alter

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