Le goût de nos mères

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J’ai toujours préféré aux recettes des grands chefs les secrets de cuisine familiaux, maintes fois éprouvés, goûtés, appréciés. J’ai eu la chance de retrouver au gré des déménagements, des successions, les livres de cuisine de mes grands-mères et de ma mère, écrits avec application à la main, sans rature, sans faute d’orthographe, et d’y découvrir des perles.

Une histoire d’amour et de transmission

Il y a longtemps déjà, Macha Méril nous faisait partager ses recettes de pâtes et de riz « volées » à des parents italiens. Des valeurs sûres. Chut ! Ses lasagnes sont devenues ma spécialité. Aujourd’hui, Eva Bettan, journaliste à France Inter, a fait le tour des fils et filles de leurs mères et leur a soutiré leurs histoires et leurs recettes, « comme pour retenir le temps qui passe ». L’émotion des intervenants est toujours palpable à l’évocation de leur mère et de sa trace laissée même à travers une recette. Le bonheur peut être aussi simple qu’un plat, un retour vers l’enfance.

« Ce livre est dédié à ma mère. Son souhait comme le mien, était de transmettre aux jeunes générations un récit des origines à travers cette langue universelle qu’est la cuisine maternelle… L’ingrédient principal de ce livre est l’amour filial. »

Un voyage à travers l’histoire et le monde

« Le goût de nos mères » est le reflet des histoires de leurs vies. Fils et filles aux racines cosmopolites nous font voyager de province en pays à travers les saveurs internationales. La tortilla de patatas de la mère de Lydie Salvayre (prix Goncourt 2014) ou l’art d’accommoder les restes lorsque l’on est une espagnole pauvre débarquant en France en 39.

« Ma mère ne souriait que lorsqu’elle faisait le gratin d’aubergines. C’est une recette mémorielle, qu’on transmettait à l’aîné de la famille, pas juste des aubergines et de la feta. »  Jean-Jacques Mandel, anthropologue et journaliste

L’odeur de la tarte aux pommes signe le retour au bercail de Sylvie Delassus (éditrice), mais petit à petit sa mère rate ses recettes favorites, oublie les gestes faits et refaits.

« Je n’ai pas voulu l’admettre, je n’ai pas voulu le voir. Mais il était trop tard, sa mémoire s’était enfuie et avec elle, le goût de ma mère. »

La mère de Sami Bouajila apprit à écrire le français en faisant des dictées de recettes de cuisine ! Stéphanie Le Quellec nous livre sa recette de pot-au-feu avec celle de sa mère. Pas question de demander à sa mère de changer sa recette ! Roberta est traiteur. Tous les ans, sa mère italienne réalisait des litres et des litres de sauce tomate qui allaient servir pendant l’hiver. C’était l’Italie de Fellini, gaie, bruyante, savoureuse. Tous les ans, Roberta retourne en Italie préparer la sauce tomate avec ses enfants et petits-enfants.

« Je veux leur transmettre le goût de la famille, le goût de la vie. »

Ne tardez pas à découvrir toutes les belles histoires et à essayer les bonnes recettes. Ne perdez pas les recettes de votre enfance, notez ce qui deviendra les madeleines de Proust de vos enfants.

Agnès Brunel Averseng

« Le goût de nos mères » – 70 Déclarations d’amour à la cuisine maternelle d’Eva Bettan (Editions Stock/France Inter, mai 2021).

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