Rivalité est un nom féminin  

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Les femmes sont souvent sœurs, mais encore plus souvent rivales. Mythe sexiste, concurrence professionnelle, compétitions maternelles, des attitudes dont sortent vainqueurs le patriarcat et la misogynie. Mais la rivalité peut aussi faire avancer les ambitions, susciter la réussite et mener par des circonvolutions à la sororité. Convaincues ou encore réticentes ?

Une injustice masculine

Pour Aristophane, « Il n’est rien de pire dans le monde qu’une femme, si ce n’est une autre femme ». D’Ève à Pandore, il n’y a qu’un pas, de Salomé à Dalila, qu’une légende, et de Phèdre à Aphrodite qu’un mythe. En 2020, une étude des Nations Unies pour le développement stipulait que 90% de la population mondiale, tous sexes confondus, nourrissait au moins un préjugé envers les femmes dont 50% estimaient que les hommes seraient de meilleurs dirigeants politiques, 40% que les femmes devraient céder leur place aux hommes au travail et 28% trouvent normal qu’un homme batte sa femme ! Rien qu’en sémantique, les poufiasses, pisseuses, grognasses et chialeuses sont dénigrées et se dire femme (femme à barbe, femme entretenue ou femme battue) est encore un combat de tous les jours… Et si nous étions des filles tout simplement ?

Cool girl

Pourquoi toujours vouloir nous différencier des autres filles ? Nous distinguer par le vêtement, se faire remarquer par son comportement, sophistiquée ou élégante, glamour ou sexy, supérieure ou cassante. Qu’est-ce qui fait que nous sommes toujours avides de compliments ? Ce refus d’identification et l’envie d’être « choisie » ou « validée » n’est pas le fait du hasard. D’où l’importance des réseaux féminins, des groupes de dégustation pour femmes, des journées hammam féminines, des amazones revendiquées et des béguinages, sans pour autant nous enfermer dans un monde misandre dont les hommes seraient absents. Même si elles sont souvent garantes de la tradition, des mères sèvrent leurs filles plus vite que leurs fils, certaines encouragent l’excision et condamnent celles qui se montrent déterminées dès l’adolescence. Schtroumpfette ou working girl, difficile de faire consensus en société !

Viragos, mégères et autres peaux de vaches

Les premières féministes ont souvent pâti de ces petits noms peu amènes. D’un côté, il y a les mères à qui l’on doit tout, de l’autre, les mères toxiques jalouses de leurs filles. La marâtre de Cendrillon n’existe pas que dans les contes de fées. Les rivalités sororales commencent très tôt en famille, les complexes ou le manque d’estime de soi  engendrent des rivalités mal définies. Et que dire de « L’autre femme », la rivale qui devient souvent le personnage principal au cinéma comme dans la vraie vie, plus jeune, plus disponible, plus désirée. Avec aujourd’hui les ex, les nouvelles et les futures, toute une ribambelle de rivales à garder à l’œil. Alors compétition oui, mais dans une sororité bienveillante. Si Miss France est belle, cela n’enlève rien à votre beauté !

Coupons court à ce sentiment de la « gagne » ! Vous n’avez rien à y gagner si ce n’est de vous perdre en route, gardez ce qui fait de vous que vous êtes unique, votre personnalité et votre quant à soi.

Vicky Sommet

LIRE : « Rivalité, nom féminin » de Racha Belmehdi aux éditons Favre (2022).

 

 

 

 

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