Sois sage, Ô ma douleur

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30% des adultes souffrent de douleurs chroniques, celles qui sont toujours rebelles au delà de trois mois. Sans surprise, cette proportion augmente avec l’âge et atteint une personne sur deux, surtout  les femmes, après 70 ans¹. C’est un constat sans appel, mais la bonne surprise, c’est qu’il existe des solutions.

Sortir du tout-médicament

Trop souvent, le remède passe par des médicaments. Aux États-Unis, la crise des opioïdes questionne le pouvoir dangereux et addictif de ceux qui sont détournés du marché de la pharmacopée à celui de la drogue et les conséquences dramatiques pour la société². Au-delà de cet exemple extrême qui a (pour l’instant) épargné la France, l’exemple du  paracétamol disponible en libre-service dans les pharmacies est révélateur. Il est largement considéré comme un traitement banal, efficace et sécurisant. Pourtant, on constate une montée des intoxications due à son mésusage³. Le problème des médicaments, c’est qu’ils peuvent entrainer des effets indésirables sur la concentration, le psychisme, la libido ou encore la prise de poids. Ils se transmettent dans tout l’organisme alors qu’il existe des acteurs de santé dont le recours peut aider à une prise en charge non médicamenteuse efficace sur la douleur.

Faire « avec »

L’observation a montré que le risque avec la douleur est de s’enfoncer dans un cercle vicieux fait d’immobilité, de repli sur soi, de ruminations mentales qui ne font qu’aggraver la situation. Des nouveaux axes thérapeutiques ne visent plus seulement à « guérir » ou réduire la douleur, mais à aider les personnes concernées à « mieux vivre » avec. On est passé d’une guérison-technique (recours aux médicaments, aux injections…) à une approche davantage guérison-adaptation, dont l’objectif est aussi le contrôle de la douleur, définie comme un comportement mal adapté, où il s’agit d’investir un mode de vie qui tienne compte de la douleur afin de la diminuer. C’est un travail exigeant qui peut demander l’accompagnement d’un thérapeute ou d’une équipe.

Des démarches bénéfiques

Une consultation avec un algologue4 peut s’avérer utile pour explorer en détails la cause et l’origine de la douleur dans sa globalité, en prenant en compte les aspects psychologiques et sociaux afin de comprendre pourquoi les traitements habituels ne fonctionnent pas. On trouve ces spécialistes en libéral ou au sein de centres anti-douleur. Le Pr. Serge Perrot5 recommande de se donner le temps d’explorer les spécialités qui nous correspondent le mieux. La relaxation, la réflexologie, la sophrologie, la musicothérapie, les thérapies cognitives et comportementales (comme la thérapie d’acceptation et d’engagement qui vise à délocaliser l’attention), les diététiciens (car la prise de poids est un facteur aggravant) ou encore l’activité physique sont autant de domaines qui ont fait leurs preuves pour contrôler la douleur6. Des techniques innovantes et plus pointues, relevant de la « révolution électrique » peuvent être proposées en dernier recours.

Remettre du mouvement dans sa vie, rester connecté aux autres, garder un ancrage dans son environnement, apprendre à ressentir pleinement les sensations agréables, toutes ces actions sont nécessaires en complément des thérapies. L’objectif : prendre du recul par rapport aux pensées obsédantes.

Michèle Robach

¹(…) sous forme d’endométriose, migraines, dépression, fibromyalgie, arthrose qui engendre des douleurs persistantes.
²La crise américaine des opiacés, déclenchée par la promotion agressive de médicaments anti-douleur très addictifs a fait plus de 500 000 morts par overdose aux États-Unis en deux décennies.
³La surconsommation et mésusage du paracétamol en France, thèse publiée en 2022 sur le site du CNRS
4 Les professionnels de la santé peuvent acquérir un diplôme complémentaire de prise en charge de la douleur : l’algologie.
5 Professeur des universités, chef de service à Cochin en rhumatologie.
6 Certaines de ces méthodes sont proposées dans le Service d’oncologie médicale de l’Hôpital Européen Georges Pompidou.

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