Jeanne Malivel, pionnière de l’art breton

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Grâce à la très intéressante exposition tenue au printemps dernier à la Bibliothèque Forney à Paris, je découvre le travail de Jeanne Malivel, femme intemporelle, engagée, aux talents multiples, qui a laissé en l’espace d’une courte carrière une œuvre foisonnante et intéressante.

Une élève brillante et remarquée

Née dans les Côtes d’Armor le 15 avril 1895, Jeanne Malivel, manifestement douée pour le dessin, et encouragée par sa famille, suit les cours de Louise Gicquel, peintre. À 19 ans, elle réussit le concours d’entrée aux Beaux-Arts à Paris. En 1921, elle choisit de revenir en Bretagne et devient professeur à l’École des Beaux-Arts de Rennes. Ce retour fera d’elle l’initiatrice de l’art breton artisanal.

Une ambition : faire connaître l’art breton et restaurer le savoir-faire breton

Désireuse de développer l’artisanat breton, elle fonde le mouvement artistique Ar Seiz Breur (les sept Frères)¹, avec lequel elle conçoit la salle de l’Osté pour l’exposition internationale des Arts Décoratifs de 1925 à Paris. Ce mouvement joua un rôle majeur dans la naissance de l’art breton et contribua à faire connaître cet art traditionnel dans la vie artistique du début du siècle. Elle puise son inspiration dans la nature et l’imaginaire breton et fréquente des cercles culturels et des mouvements proches du nationalisme breton.

Une femme engagée

« Moderne » pour l’époque et déterminée à transmettre son savoir et ses idées, elle s’évertue à faire de l’art breton un vecteur d’emploi et d’émancipation pour les femmes. Convaincue que l’art de l’artisanat ne peut être séparé de la vie d’une région, elle crée, au sein de l’école des Beaux-Arts de Rennes un atelier de travaux pratiques destiné aux jeunes filles. Atteinte de tuberculose, elle décède prématurément à l’âge de 31 ans. Après dix années de travail, elle laisse une œuvre considérable (textile, broderie, gravure sur bois, céramique, dessin, mobiliers, peintures, faïences,…).

Une pionnière de l’art déco

Par son engagement en faveur du renouveau des arts décoratifs, Jeanne Malivel a réalisé en l’espace de dix années une œuvre impressionnante, qui va de la peinture à la céramique en passant par le mobilier, la céramique, le vitrail… Mais ce sont principalement ses gravures qui l’ont rendue célèbre. Elle meurt brutalement de la typhoïde à Rennes à l’âge de 31 ans.

L’on ne pouvait que rendre hommage à cette artiste injustement tombée dans l’oubli, dont les œuvres témoignent d’un modernisme et d’une grande créativité.

Florence Desgranges de Lagune

©Ar Seiz Breur¹Lancé en 1923, ce mouvement, dont le nom se réfère à un conte écrit par Jeanne Malivel, avait pour objectif d’extraire l’art breton du « folklore » pour aller vers un art breton contemporain, tout en alliant traditions et modernité. Une cinquantaine d’artistes le composait. Leurs sources d’inspiration étaient axées autour de la mythologie celtique et islandaise, le légendaire breton, la vie des sociétés traditionnelles.

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