La collection d’Alicia Koplowitz

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Là où en son temps Nélie Jacquemart avec son mari collectionnait, une autre femme, aujourd’hui, Alicia Koplowitz expose ses choix artistiques. De l’art ancien à l’art contemporain, regard avisé d’une femme d’affaires sur l’art espagnol, mais pas seulement.

Qui est Alicia Koplowitz ?  Peu connue en France, cette femme d’affaires est classée neuvième fortune espagnole. Discrète aujourd’hui, sa vie a été longtemps proche du scénario de Dallas où famille, sœurs, maris et argent firent les choux gras de la presse ibérique. Père d’origine de Haute-Silésie, mère aristocrate cubaine, installés à Madrid dans les années 30, Alicia et sa sœur orphelines jeunes fréquentèrent tôt les beaux partis, l’héritage paternel construit autour d’une entreprise de BTP attirant plus d’un regard. Actuellement, Alicia Koplowitz à la tête d’une société financière, Omega Capital,  préfère se consacrer discrètement à sa passion de longue date, l’art.

1/Francisco de Zurbarán (1598-1664) -Vierge à l’Enfant avec saint Jean-Baptiste -vers 1659 – Huile sur toile -119 x 100 cm © Collection Alicia Koplowitz – Grupo Omega Capital 2/Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) –La Liseuse 1889 – Peinture à l’essence sur carton – 68 x 61 cm© Collection Alicia Koplowitz – Grupo Omega Capital. 3/Lucian Freud (1922-2011) –Fille au manteau de fourrure– 1967 – Huile sur toile – 61 x 51 cm© Collection Alicia Koplowitz – Grupo Omega Capital, Fukuoka Sogo Bank Ltd. /© Lucian Freud Archive/Bridgeman Images

Sa collection : Cinquante-deux œuvres sont présentées par ordre chronologique au Musée Jacquemart André. La collectionneuse affiche tout d’abord son attachement aux maîtres espagnols Goya, Zurbarán et son goût pour les sujets religieux comme avec cette Vierge Gitane de Luis de Morales. Le XVIIIe est célébré à travers ses peintres italiens : Tiepolo, Canaletto ou bien Guardi. Sans ambage, le visiteur pénètre dans la modernité avec des œuvres traduisant chacun à leur manière un univers féminin : une aquarelle exceptionnellement pudique de Schiele – Femme à la robe bleue (ci-contre) ou bien La  Liseuse, très concentrée de Toulouse-Lautrec. La modernité espagnole est, elle,  mise en lumière par des tableaux de Picasso et Gris. Van Dongen, Modigliani, de Staël incarnent, eux, l’avant-garde parisienne de la moitié du XXe. Les sculptures de fer de Gonzales, les aplats de Rothko, les recherches sur la matière de Tàpies et le travail d’Action painting de de Kooning se répondent. La dernière salle, contemporaine, fait cohabiter entre autres une araignée de Louise Bourgeois, un portrait de femme dérangeant de Lucian Freud et deux toiles lumineuses de Miquel Barceló.

Dans cette exposition, il faut y voir -et respecter- une vision intime de l’art, un regard personnel tourné essentiellement vers le monde au féminin, où on devine, en creux, la sensibilité d’une femme passionnée au destin romanesque hors normes.

Christine Fleurot

Collection Alicia Koplowitz-De Zurbaran à Rothko au Musée Jaquemart André jusqu’au 10 juillet 2017.

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Photo de Une Paul Gauguin (1848-1903) -Femmes au bord de la rivière 1892 – Huile sur toile – 31,8 x 40 cm © Collection Alicia Koplowitz – Grupo Omega Capital

Juan Pantoja de la Cruz (1553-1608) –Portrait de Doña Ana de Velasco y Girón, duchesse de Bragance, de trois-quarts, en habit de cour -1603 – Huile sur toile -103 x 82 cm © Collection Alicia Koplowitz – Grupo Omega Capital
Miquel Barceló (1957) –Kula Be Ba Kan 1991 – Technique mixte sur toile – 200 x 200 cm © Collection Alicia Koplowitz – Grupo Omega Capital© ADAGP, Paris, 2017
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